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PolitiqueMoyen-Orient

Au Liban, un système qui bloque les réformes

12 août 2020

Des élections anticipées pourraient ne rien arranger au Liban, menacé par une impasse. Outre la corruption, tout le système politique est remis en cause.

En image, le gouvernement libanais formé en janvier 2020 et censé regrouper des technocrates
En démissionnant, le Premier ministre libanais Hassan Diab (5ème depuis la droite) a dénoncé un grand système de corruption Image : picture-alliance/dpa/Dalati & Nohra

Une semaine après la double explosion qui a fait au moins 171 morts et plus de 6.500 blessés, le Liban se trouve devant une impasse. La démission du gouvernement et la proposition d'élections anticipées ne semblent avoir aucun impact sur les manifestations qui se poursuivent.

Corruption et mal gouvernance

Pour les Libanais, la catastrophe au port de Beyrouth met à nu la mauvaise gestion du pays. Selon le système politique en vigueur, les principaux postes politiques – présidence, primature et présidence du parlement – sont répartis entre les confessions religieuses (chrétiens, sunnites et chiites).

Lire aussi → Premières arrestations après l'explosion au port de Beyrouth

Jordi Tejel : "Chaque fois qu'il y a des élections, le système se reproduit"

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Or ce système montre ses limites. Selon Jordi Tejel, professeur d'histoire à l'université de Neuchâtel en Suisse et spécialiste du Moyen-Orient, la situation actuelle a des origines lointaines et elle pourrait s'aggraver si des réformes profondes ne sont pas engagées.

"La situation actuelle résulte de l'accumulation d'une longue crise et de mobiliations qui ont commencé en octobre et qui ont même repris en plein confinement à Beyrouth", explique l'expert. 

"Il y a un malaise d'une grande partie de la société libanaise et notamment à Beyrouth avec la classe politique, dû par exemple à une crise économique qui est déjà longue et qui a affecté de manière très importante la société libanaise. Ensuite il y a eu évidemment la Covid-19 et puis maintenant cette explosion", souligne Jordi Tejel.

De nombreux pays dont l'Allemagne ont exprimé leur solidarité avec les manifestantsImage : Reuters/A. Rinke

Mobilisation internationale

Le gouvernement libanais a démissionné et des élections anticipées sont proposées. Mais "ces élections ne vont rien apporter", estime le professeur d'histoire. "Il faut une période de transition pour réformer le système électoral et repartir sur de nouvelles bases", recommande-t-il.

Au sujet de la mobilisation internationale au chevet du Liban, l'expert Jordi Tejel se montre méfiant face à l'engagement du président français Emmanuel Macron. "La France devrait faire attention. Même s'il y a une partie des Libanais qui a une certaine nostalgie, notamment la classe dirigeante maronite qui a été privilégiée par la France, si on veut vraiment avancer vers une certaine unité nationale et sur des nouvelles bases, il faudrait éviter une sorte d'interventionnisme trop lourd en ce moment", suggère Jordi Tejel.

Une diplomate allemande figure parmi les victimes de la double explosion. Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas est arrivé ce mercredi (12.08.2020) à Beyrouth, dévoilant une aide d'un million d'euros pour la Croix-Rouge libanaise.

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