1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Au Mali, des orages se profilent à la tête de l'Etat

Mahamadou Kane
28 mai 2024

Une partie du M5-RFP dénonce la gestion de la transition par les militaires, mettant dos à dos le Premier ministre et le président de la transition.

Assimi Goïta et Choguel Kokalla Maïga montent un escalier entourés de militaires lourdements armés
Le M5-RFP est un mouvement divisé en factions antagonistesImage : Primature du Mali

Le mémorandum, publié la semaine dernière par le M5 RFP de tendance Choguel Kokalla Maïga, contre la gestion actuelle du pouvoir par les militaires, continue de faire des vagues dans le pays.  

Les tombeurs de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita dit IBK, proches de l’actuel chef de gouvernement, critiquent la prolongation de la transition et le fait que les colonels de la junte au pouvoir se sont fait nommer au grade de général.  

Dans son mémorandum, le M5 RFP dénonce la formation du gouvernement de transition, le 11 juin 2021, quand presque l’ensemble de ses membres siégeant dans l’équipe sortante ont été écartés, sans une consultation au préalable de Choguel Kokalla Maïga.  

Les spéculations ont cours depuis des mois sur un remplacement du Premier ministreImage : Adam Diko

Le M5 RFP dénonce la répression 

Le Premier ministre aurait , selon la version du M5 RFP, été marginalisé depuis des années. 

"Depuis cette époque, le Premier ministre n’a pas été associé aux travaux de finalisation de la réorganisation territoriale, à la gestion de la crise énergétique ou à l’organisation de la campagne référendaire", précise le mémorandum. 

Le mouvement à l’origine de la chute d’IBK regrette aussi les arrestations, notamment dans ses rangs.   

Mais la liste ne s’arrête pas là, selon Aboubacar Touré, du M5 RFP tendance Choguel Kokalla Maïga. Selon lui, "dans le mémorandum, il a été dit que ce dialogue inter-malien a recommandé d’élever un certain nombre de colonels au grade de général. Je considère à mon avis que cela ne doit pas relever du dialogue inter-malien, mais d’un cadre purement militaire. Nous estimons que cela peut amener des frustrations au sein de notre armée. Dans le mémorandum, on parle aussi du délai de la transition. De notre point de vue, évoquer cinq années supplémentaires comme durée de la transition, ce n’est vraiment plus la peine et il faut revoir cela". 

Le pouvoir est concentré entre les mains des colonels qui l'ont pris par la force en 2020 Image : Alexander Ryumin/TASS Host Photo Agency via REUTERS

Les soutiens des militaires critiquent une volte-face

Mais pour Amadou Aya, du parti Convergence pour le développement du Mali, le Premier ministre de transition, Choguel Kokalla Maïga, qui a soutenu jusqu’alors les militaires, aurait dû dénoncer bien avant leurs actions. 

Il se dit "surpris de cette déclaration du M5 RFP tendance Choguel. Dans la mesure où un gouvernement est censé être solidaire de toutes les actions, si une tendance très proche du Premier ministre, surtout que le signataire travaille à la primature, signe un tel mémorandum pour critiquer directement les actions du gouvernement, cela pose problème. Je suis surpris de voir que le gouvernement qui a organisé le référendum, qui a conduit les réformes administratives, qui a fait l’objet des assises un peu partout, qu’on vienne nous dire que c’était une démarche solitaire de la part des autorités de la transition". 

D’après nos informations, Boubacar Traoré, président par intérim du M5 RFP tendance Choguel Kokalla Maïga, interpellé lundi (27.05) par la Brigade d’investigation judiciaire, a été placé ce mardi sous mandat de dépôt par la justice malienne pour avoir signé le mémorandum très critique du M5 RFP envers les militaires au pouvoir. 

Mais jusque-là, ni Choguel Kokalla Maïga, ni ses partisans du M5 RFP n’ont retiré leur soutien au colonel Assimi Goïta, le président de la transition.