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Au Mali, la junte tente de résister à la Cédéao

Mahamadou Kane
17 septembre 2020

La junte militaire veut présider la transition au Mali contrairement aux injonctions de la Cédéao. L’organisation sous-régionale menace d'imposer un embargo total au Mali si les militaires ne rendaient pas le pouvoir.

La junte militaire dirigée par le colonel Assimi Goita semble de plus en plus isolée (Reuters/M. Rosier)
La junte militaire dirigée par le colonel Assimi Goita semble de plus en plus isolée (Reuters/M. Rosier) Image : Reuters/M. Rosier

C’est une véritable course contre la montre qui s’engage pour le CNSP, le Comité national pour le salut du peuple. La CEDEAO exige des militaires qu’ils rendent le pouvoir aux civils d’ici mercredi prochain (23.09).

Passé ce délai, l'institution sous-régionale menace d'imposer un embargo total au Mali. C'est ce que le porte-parole du CNSP a rapporté hier à la presse.

Des acteurs isolés

"La population n’a donné son accord ou son aval pour que les militaires dirigent une quelconque transition" (Lamine Ouologuem)

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Les militaires putschistes semblent de plus en plus isolés un mois après le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Et pour légitimer cette aspiration, les militaires s’appuient désormais sur la charte de la transition adoptée le week-end dernier à Bamako.

"Nous avons dit clairement à la CEDEAO que nous sommes au service du peuple et que nous nous mettons dans l’objectif du peuple. Dans la mesure où la majorité a parlé d’une transition militaire, même si dans les faits, la charte parle de présidence militaire ou civile, nous avons suggéré qu’il serait utile que l’on puisse être sur la même longueur d’onde que la majorité de la population en assurant nous-mêmes la présidence de la transition, a déclaré, le colonel major Ismaël Wague, porte-parole du Comité national pour le salut du peuple."

Faux, rétorque par contre Lamine Ouologuem. Cet enseignant estime que les membres du Comité national pour le salut du peuple, manipulent l’opinion

"Les gens ne seront plus dupés. Le CNSP joue la victimisation désormais. Faire croire à l’opinion nationale et internationale que c’est la population malienne qui les réclame. Ce qui est fondamentalement faux. En aucun cas, la population n’a donné son accord ou son aval pour que les militaires dirigent une quelconque transition. Nous n’allons pas accepter cette situation."

Les militaires ne sont pas affaiblis

Selon Barry Aminata Touré, présidente nationale de la CAFO et secrétaire générale du Conseil national de la société civile, le CNSP travaille autour d’un processus qui suit son cours normal.

Les délégués lors des assises de Bamako le 10 septembre 2020 / Les militaires s’appuient désormais sur la charte de la transition adoptée par les assises (picture-alliance/AP)Image : picture-alliance/AP

"Tout le monde sait que ce n’est pas de sitôt que l’on peut mettre les organes de la transition en place. Il faudrait pour cela que le collège qui doit désigner le président soit composé et qu’il travaille pour mettre en place les nouvelles institutions. Après cette phase, si le CNSP doit être dissous, il sera dissous."

Barry Aminata Touré dit aussi ne pas croire en l’idée d’un affaiblissement des militaires au pouvoir au Mali depuis le 18 août dernier.

"C’est donc un processus qu’ils ont engagé et je crois que la CEDEAO a aussi donné une prolongation. Cela voudrait dire qu’ils ne sont pas affaiblis et qu’ils ont pu obtenir malgré tout, des résultats, a estimé la secrétaire générale du Conseil national de la société civile.

Selon le Comité national pour le salut du peuple, un collège a déjà été mis en place pour constituer dans les meilleurs délais les organes de la transition.