Au Mali, les activités de MSF compromises par des combats
29 décembre 2023Au Mali, une année difficile s'achève pour les populations, surtout celles dans le nord et le centre du pays. Les activités des groupes armés non-étatiques et les combats opposant l'armée régulière à ces groupes ont un impact sur l'action humanitaire.
Récemment, l'organisation Médecins Sans Frontières a fait cas de la suspension de ses activités en raison de l'insécurité qui touche son personnel. Docteur Issa Malam Kanta est le chef de mission de MSF au Mali.
Son témoignage à lire et écouter ci-dessous.
Accès aux soins limité
Docteur Issa Malam Kanta : Ces derniers mois, une accumulation d'épisodes de violences a pour conséquence de limiter l'accès des populations aux soins.
Cette situation nous a amenés à prendre un certain nombre de mesures notamment la relocalisation des équipes, parfois la réduction des équipes qui ont pour conséquence la réduction des activités médicales et des difficultés d'approvisionnement des centres de santé en médicaments.
DW : Ces mesures dont vous parlez ont sans doute un impact sur les populations que vous suivez et qui dépendent de votre action. Comment évaluez-vous l'impact de votre action sur le terrain ?
Docteur Issa Malam Kanta : Comme vous le savez, nous offrons des activités médicales de façon gratuite à toutes les populations sans discrimination. Donc on pourrait bien penser que ces communautés, une fois nos activités suspendues, auraient des difficultés d'accès à des services de santé.
Une assistance cruciale pour les civils
Et en plus de la gratuité de soins que nous offrons, vous le savez, nous assurons aussi la référence de cas qui pourraient nécessiter des soins beaucoup plus appropriés aux niveaux plus élevés de soins.
DW : Plus concrètement, quel est le genre de soins que vous prodiguez ? S'agit-il de prise en charge de maladies ordinaires ? Prenez-vous en charge, en plus, des blessés de guerre ?
Docteur Issa Malam Kanta : De par le principe, nous sommes une organisation impartiale avec le respect de tous les principes humanitaires. Donc nous soignons toutes les communautés.
En terme de chiffres, je peux rappeler que pour l'année 2022, nous avions reçu plus de 550.000 personnes en consultation générale. Plus de 68.000 personnes ont été prises en charge au niveau des soins secondaires, c'est-à-dire en hospitalisation.
Nous avions également appuyé le ministère de la Santé dans le cadre des interventions chirurgicales et on avait environ 900 personnes qui ont subi des violences physiques et qui ont été accompagnées et prises en charge.
Donc nous avions eu des interventions assez larges qui ont bien évidemment un impact sur la réduction de la mortalité dans ces couches de populations affectées par la crise.