Au Mali, plusieurs localités sous blocus djihadiste
20 juin 2025
De sources locales, le 09 juin dernier, le chef de village et dix autres habitants de Barké Daga dans la commune de Diafarabé, située dans la région de Mopti au centre du Mali, ont été enlevés par les combattants du Jnim, le groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans. Sur place, les djihadistes ont bloqué les accès à la localité après une incursion début mai de l'armée malienne qui aurait fait, d'après plusieurs sources locales, plusieurs victimes civiles.
Dans la zone, outre les habitants de Barke Daga, certains parmi les villages voisins de Tielembeya, Daro ou encore Kara, ont été contraints de fuir face à l’avancée des djihadistes ayant prêté allégeance au prédicateur Iyad Ag Ghaly. Les activités tournent ainsi au ralenti, selon cet habitant de Diafarabé qui décrit une situation critique et interpelle les autorités :
"Le blocus pèse énormément sur nous. Nous ne sommes plus libres de nos mouvements. Les bois de chauffe que nous chargeons durant la saison froide pour aller à la pêche sont partis en fumée. De même que les véhicules de transport que nous garons derrière le fleuve, les djihadistes les ont également brûlés".
Il poursuit en expliquant qu"il y a environ deux semaines, mon petit frère a été enlevé vers la localité de Tenenkou". "Nous souffrons beaucoup de cette situation. Nous avons pourtant informé le commandant de cercle, le préfet aussi ...", déplore-t-il
Des zones difficiles d’accès pour l’armée
Présente dans la zone, l'armée malienne mène régulièrement des patrouilles dans la ville de Diafarabé. Mais, pas au delà, d'après nos informations. La raison : difficulté d’accès aux villages environnants qui sont pour la plupart inondés.
Dans le cercle Niono, cette fois-ci dans la région de Ségou, toujours dans le centre du pays, des dizaines de villages, dont nous tairons les noms pour des raisons de sécurité, ont pour leur part signé des accords avec les groupes djihadistes.
Il s'agit pour les habitants de ces localités de pouvoir vaquer librement à leurs occupations et en même temps, fermer les yeux sur les agissements des groupes armés. Ce, malgré la présence des chasseurs traditionnels Dozos.
Les populations subissent des représailles
En l'absence de l'armée malienne, les habitants d’autres villages à l'image de Ende14, B3 Niono, Rezam, Zantou ou encore Ngounandou tentent de leur côté de résister face à la menace djihadiste. Ce qui leur vaut, selon ce ressortissant de Niono qui préfère rester dans l’anonymat, des représailles et un embargo :
"Les djihadistes nous empêchent de mener nos activités champêtres, alors que la plupart des habitants de Niono vivent essentiellement de l’agriculture. Ces derniers mois, c’est près d’une vingtaine de paysans qui ont ainsi été abattus dans leurs champs par des hommes armés. Pas de travaux champêtres, pas d’élevage et même si nous avons des urgences sanitaires durant la nuit, nous ne pouvons pas non plus, face à la menace djihadiste, nous rendre dans les centres de santé qui sont d’ailleurs très éloignés de nos villages et qui se trouvent en centre-ville."
Aux dernières nouvelles, des négociations seraient en cours depuis bientôt une dizaine de jours, à l'initiative de l'armée malienne, en vue de la levée du blocus au niveau de la localité de Diafarabé.