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Au Nigeria, des centaines d'élèves enlevés dans le nord

14 décembre 2020

L'enlèvement s'est produit dans l'Etat de Katsina où le président Muhammadu Buhari est en visite. L'Etat se veut rassurant et parle de négociations en cours.

Un soldat monte la garde dans un établissement du nord-est du Nigeria (Archives - 26.02.2018)
Les attaques contre des écoles sont devenues fréquentes au Nigeria. En image, des élèves d'un établissement de DamaturuImage : Reuters/A. Sotunde

Les services de sécurité étaient toujours, ce lundi (14.12.2020) à la recherche des centaines d'élèves enlevés dans l'Etat de Katsina dans le nord du Nigeria. Des assaillants non encore identifiés ont attaqué un établissement d'enseignement secondaire et kidnappé plus de 500 enfants. Les autorités ont promis de ne ménager aucun effort pour obtenir la libération des otages. Il y a six ans, le même scénario s'était produit à Chibok, où un enlèvement d'écolières a déclenché une vive émotion à travers le monde. 

D'après le témoignage d'un rescapé, il y avait au total 520 enfants enlevés par les hommes armés. Dimanche, le gouverneur de l'Etat de Katsina, Aminu Bello Masari, a affirmé qu'on n'était toujours sans nouvelles de 333 enfants. 

Douleur d'une mère

La famille endeuillée d'une des victimes d'un enlèvement d'humanitaires dans le nord du NigeriaImage : Getty Images/AFP/A. Marte

Iklima Idris Maikanti Bakori est la mère de l'un des enfants kidnappés. "Nous voulons simplement revoir nos garcons, pour avoir l'esprit tranquille", plaide-t-elle.

"Cette nouvelle m'a complètement dévastée. Je l'ai apprise alors que j'assistais à un mariage. Je me suis mise à courir dans tous les sens, je n'avais plus d'appétit. Et jusqu'à présent, j'ai seulement bu un peu d'eau. Mon petit s'appelle Ahmed Tijani Idris Bakori. Il a 14 ans et va passer en 3è", témoigne encore cette mère attristée. 

Lire aussi → Des femmes victimes de Boko Haram témoignent

Le ministre de la Défense Bashir Magashi a condamné cet enlèvement devant la presse, tout en réitérant la promesse que les services de sécurité feraient tout pour obtenir sans tarder, la libération des otages. Le ministre durcit également le ton face à la répétition de ce genre d'attaques. 

"Nos services de sécurité sont arrivés à la conclusion qu'il est grand temps que nous déclarions ce genre de personnes comme terroristes, et si nous faisons cela, ces gens vont probablement se ressaisir parce qu'une fois que vous êtes déclaré terroriste, vous n'avez plus aucun droit sur votre vie", a-t-il menacé.

Une attaque pour défier le président Buhari ?

Le président du Nigeria Muhammadu Buhari a ordonné le renforcement de la sécurité dans toutes les écolesImage : Présidence du Mali

L'attaque est survenue vendredi (11.12.2020) à Katsina, Etat où le président Muhammadu Buhari est né et où il est arrivé d'ailleurs le même jour pour une visite. 

Khalifa Dikwa, professeur d'université à Maiduguri y voit un message adressé au chef de l'Etat. 

"C'est un message vraiment et une fois que le président rassemble ses chefs des armées, et qu'ils disent des choses à la presse, par exemple qu'il y a beaucoup de progrès et ceci ou cela, ce même jour, ou le lendemain, il y a des attaques dans leur Etat d'origine", explique le politologue nigérian.

Khalifa Dikwa recommande par ailleurs un audit au sein de l'appareil sécuritaire qu'il dit miné par des acteurs qui tirent profit de l'instabilité. Pour lui, le président du Nigeria Muhammadu Buhari devrait organiser des séances d'échanges avec les militaires pour s'enquérir de leur mental et se rendre compte des besoins en termes d'équipements militaires.

Quant à Abubakar Umar Kari, maître de conférences à l'université d'Abuja, il craint que l'attaque de vendredi ne dissuade les parents de continuer d'envoyer leurs enfants à l'école. "Vous ne pouvez pas aller à l'école si votre vie est en danger et s'il n'y a pas de sécurité", a-t-il déclaré dans des propos recueillis par la rédaction Hausa de la DW.

Le hashtag #BringBackOurboys ("ramenez nos garçons") était l'un des plus partagé sur les réseaux sociaux nigérians ce lundi, rappelant celui utilisé en 2014, lorsque 276 adolescentes de Chibok avaient été kidnappées, dans le Nord-Est, par le groupe jihadiste Boko Haram. 

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