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Au Nigeria, des défenseurs du mariage précoce

Alida Tapsoba
21 novembre 2019

Les jeunes filles sont souvent mariées de force, en général pour se conformer aux contraintes socio-culturelles ou religieuses. Mais même dans certains milieux conservateurs du nord, les avis sont partagés sur le sujet.

Kinderehe in Afrika
Une campagne pour protester contre les mariages forcés à Lagos au Nigeria (20.07.13)Image : picture-alliance/AP Photo/S. Alamba

"C’est ce qui est écrit dans les écritures saintes"- Alhali Muhammad

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Dans l'Etat nigérian de Kaduna où la majorité de la population est musulmane, les avis de la population sont partagés sur la question du mariage forcé des jeunes filles. L'histoire de la petite Hassana illustre bien la situation. Captive pendant deux ans, Hassana, jeune mariée et mère de quatre enfants a été séquestrée par sa famille parce qu'elle refusait de rejoindre son nouveau foyer.

Elle n'avait que 15 ans lorsqu'elle a été forcée de se marier.

Bien souvent, cette pratique est encouragée et soutenue par une partie de la société. En effet pour Alhali Muhammad, un voisin de la famille de Hassana, celle-ci n'était pas trop jeune pour se marier. Il se dit prêt lui-même à donner ses filles en mariage dès l'âge de six ans. "C'est ce qui est écrit dans les écritures saintes. Elles seront adultes une fois mariées", soutient-il.

 

Au Nigeria, un sénateur a déclenché une vive émotion en mariant une fille de 14 ansImage : picture alliance/AP Photo

Respecter les droits des enfants

A l'instar de Rabi Ibrahima qui milite en faveur des droits des femmes et des enfants, d'autres Nigérians s'engagent dans la protection des jeunes filles. C'est en effet cette activiste qui a aidé Hassana à s'enfuir. Rabi, elle-même musulmane, soutient qu' "il n'y a pas de livres spécifiques, ni de théories qui expliquent ces choses, en particulier le mariage forcé. La plupart de ces pratiques ne sont fondées que sur des concepts islamiques et donc sur des perspectives culturelles"

Rabi ajoute que seule l'éducation pourrait changer les mentalités et encourager les droits des femmes.

La situation de Hassana révolte Susanne, 17 ans, qui regrette que "beaucoup de Nigérians ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains mais comme des ajouts pour les hommes".

Dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest, la constitution n'interdit pas le mariage des enfants. Mais Susanne ne compte pas baisser les bras. Avec deux de ses amies, elle a introduit une pétition pour empêcher le mariage des enfants de moins de 18 ans.