1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Idriss Déby lâche un proche pour désamorcer la contestation

Blaise Dariustone
15 juin 2018

L’ex-gouverneur de la région du Logone oriental et des gradés de la gendarmerie ont été arrêtés à N'Djamena. Ils sont accusés de tentative d’assassinat d’un avocat et ses clients.

Justizministerium in Ndjamena
Image : DW/F.Quenum

"Il n’est pas un super tchadien, donc il doit être devant la justice", Sosthene Mbernodji

This browser does not support the audio element.

L'arrestation de l’ancien gouverneur de la région du Logone Oriental, Adam Nouki Charfadine, proche du président Déby, peut être interprété comme une manière pour le régime d’Idriss Déby Itno de désamorcer la contestation qui couve depuis plusieurs mois dans le pays.

Avec notamment la grève des professions judiciaires qui paralyse la justice tchadienne depuis plus de deux semaines.

Sosthene Mbernodji, coordonnateur du MCPL, le Mouvement  pour la préservation des libertés. "Puisque tout le corps judiciaire est en grève illimitée, le président de la République a intérêt à l’arrêter."

Pour lui, la loi doit s’appliquer à tout le monde "Il n’est pas un super Tchadien. Il a longtemps bénéficié du parrainage, de la protection quand il était gouverneur dans le Batha et quand il était Secrétaire général à la mairie centrale de N'Djamena. L’impunité que le régime MPS, le Mouvement patriotique du salut (parti au pouvoir, ndlr), entretient, cela va trop loin donc il va falloir que cela s’arrête", conclu le coordonnateur du MCPL.

Scepticisme à N'Djamena

Maître Midaye Guerimbaye, avocat au barreau du Tchad et président de la LTDH, la Ligue tchadienne des droits de l’homme, prend acte de cette nouvelle et attend que justice soit rendue.

"Nous ne pouvons pas accepter que des gens qui viennent tirer à bout portant sur des avocats, sur des magistrats  puissent bénéficier  d’impunité."  L’appareil judiciaire est paralysé. "Notre grève consiste à rappeler  à l’État  qu’on ne peut pas fermer les yeux sur ce qui relève de la vérité évidente. Attendons de voir parce que l’arrestation n’est pas une fin en soi. Il faut que la justice se prononce."

Cette vague d’arrestation des dignitaires du régime d’Idriss Déby Itno ne cesse d’alimenter les conversations depuis hier à N'Djamena. Certains habitants estiment que c’est juste une manière de berner les Tchadiens qui réclament justice.

Il faut ainsi rappeler l’arrestation, en octobre 2015, de Salaye Deby, le frère cadet au président Idriss Déby Itno.

Directeur générale des douanes, celui-ci était soupçonné d'être impliqué dans une vaste affaire de détournement de biens mais il avait été finalement libéré après seulement quelques heures de garde à vue.