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Au Tchad, la contestation s’affaiblit

29 avril 2021

La répression policière semble avoir dissuadé les Tchadiens de continuer à descendre dans la rue pour dénoncer la transition militaire.

Image : Sunday Alamba/AP/picture alliance

Deux jours après les manifestations de mardi (27.09.21) et en dépit d’une plus faible mobilisation, le nombre de victimes a continué d’augmenter. Selon nos informations, deux jeunes partisans de l’opposition ont succombé ce jeudi à leurs blessures.

Comment expliquer l’affaiblissement de la mobilisation des Tchadiens qui sont pourtant nombreux à s’opposer à une transition dirigée par Mahamat Idriss Déby, le fils du président défunt ?

"La violence de la répression a certainement dissuadé les tchadiens" (Remadji Hoinathy)

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"Je crois que la violence de la répression des manifestations qu'il y a déjà, mais aussi toutes ces familles qui ont été endeuillées, des gens qui ont été blessés, a certainement justifié cette baisse dans l'intensité des manifestations ces deux derniers jours, répond, Remadji Hoinathy, chercheur à l'ISS, au bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest, le Sahel et le bassin du Lac Tchad.

En effet, les leaders du mouvement Wakit Tama, "l’heure est arrivée" en arabe local du Tchad, ont déclaré à la DW vouloir aider les familles endeuillées à enterrer leurs morts, avant d’envisager d’autres actions citoyennes.

Dialogue politique …

En attendant, il est selon certains impératif que se mette en place un dialogue pour éviter que le Tchad ne s’enfonce dans le chaos. C’est notamment ce que propose Kag Sanoussi, président de l'Institut international de gestion des conflits. Cette institution propose ses services aux Tchadiens pour aider à parvenir à un accord.

"Les tchadiens doivent développer une culture de dialogue" (Kag Sanoussi)

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"La contribution, c'est d’aider pour que le temps d'après soit un temps qui permette de reconstruire autrement le Tchad, en développant davantage une culture de dialogue et de concertation qui n'est pas une culture réservée aux faibles. Si rien n'est fait, on peut encore aller vers le pire. Et c'est ce qu'il faut éviter par ce processus de dialogue", explique Kag Sanoussi.

… et sincerité

Le dialogue politique pour mettre sur pied une transition pacifique est aussi le souhait de Remadji Hoinathy. Mais le chercheur souhaite que ce dialogue soit sincère.

Le premier ministre Albert Pahimi Padacké doit former un gouvernement de transitionImage : Issouf Sanogo/AFP

"Il y a beaucoup de simulacres de débats, de simulacres de discussions et de dialogues qui ne donnent rien. L'heure est assez grave pour continuer à prétendre s'entendre ou bien faire consensus. Alors qu'au fond, chacun est resté sur son agenda. Il faut mettre sur la table les sujets qui fâchent. La politique, ça se fait seulement de cette façon. Mais les gens ne restent que des adversaires politiques", soutient Remadji Hoinathy.

Mahamat Mahdi Ali, le patron du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT)Image : Mahamat Mahdi Ali/Facebook

Les affrontements entre les rebelles du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad et l’armée tchadienne ont repris  le mardi 27 avril, dans le Nord Kanem, dans l’ouest du pays, près de la frontière avec le Niger.

L’armée tchadienne a juré d’anéantir ces insurgés, officiellement à l’origine de la mort d'Idriss Déby Itno le 20 avril dernier.

Pendant ce temps, Albert Pahimi Padacké, le premier ministre nommé en début de semaine, poursuit ses consultations en vue de la formation d’un gouvernement, incluant toutes les sensibilités politiques et sociales du pays.