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Economie

Au Tchad, la fin de l'âge d'or pour les fonctionnaires

2 février 2018

Ces dernières années, les salaires des agents de l'État du Tchad ont augmenté grâce à la manne pétrolière. Les mesures d'austérité ont inversé la tendance, au risque d'affecter l'économie nationale déjà en crise.

Tschad Demonstration in N'Djaména
Image : DW/Blaise Dariustone

"On ne peut pas faire d'économies sur le salaire des fonctionnaires!"

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Depuis l'entrée du Tchad dans le cercle fermé des pays exportateurs de pétrole en 2003, les fonctionnaires tchadiens ont vu leurs salaires augmenter du simple au double.

Mais quinze ans après, la masse salariale du Tchad a été multipliée par six et le gouvernement tchadien, qui fait face à une crise économique sans précédent, n'arrive plus à supporter ces dépenses.

Hausse des prélèvements obligatoires

C'est dans ce contexte qu'interviennent les récentes mesures d'austérité destinées à réduire les coûts de l'Etat. Elles ont instauré une augmentation de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) de 10 à 30 pourcent, prélevé directement sur le salaire des agents de l'État.

C'est un coup dur pour les fonctionnaires tchadiens qui sont une victime facile pour faire des économies, déplore le politologue Evariste Ngarlem Toldé. "Il y a eu des avantages spécifiques qui ont été accordés à un certain nombre de corps, notamment les agents de la santé et de l'éducation. Aujourd'hui, la grande surprise est qu'on est en train de retirer ces avantages à tous les agents de l'Etat. C'est le pouvoir d'achat des fonctionnaires qui est réduit. On ne peut pas faire d'économies sur le salaire des fonctionnaires. C'est inadmissible."

Impact négatif sur l'économie

Pour l'économiste Nestore Djimasra, la baisse du pouvoir d'achat des fonctionnaires tchadiens va impacter négativement l'économie tchadienne et aggraver la crise que traverse le pays. "Pour relancer l'activité économique d'un pays, il faut passer par la consommation. Mais du moment que le pouvoir d'achat baisse, ça veut dire que la demande aussi va baisser. Et donc cela ne permettra pas aux gens d'épargner. Or, il faut épargner pour relancer l'économie et contribuer à certaines taxes que les agents économiques payent à l'État. Donc du moment où le pouvoir d'achat baisse, l'économie va prendre un coup."

Grève illimitée et coûteuse

L'une des conséquences immédiates est l'arrêt de toutes les activités depuis quatre jours dans l'administration tchadienne, suite à la grève illimitée lancée par les centrales syndicales. Ce qui n'est également pas sans conséquence sur l'activité économique du pays.

La grève risque de coûter cher aux fonctionnaires: le conseil des ministres a décidé d'appliquer une loi en vigueur selon laquelle il a le droit d'effectuer un recensement hebdomadaires des agents de l'État pour pointer les absents.

Les syndicats du secteur privé et parapublic, dont les salariés sont également touchés par la hausse des prélèvements, ont eux aussi annoncé une grève sèche de deux jours à partir de lundi.