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Etat de droit

Au Tchad, la junte refuse de négocier avec la rébellion

Blaise Dariustone
26 avril 2021

L'opposition et la société civile critiquent le Comité militaire qui s'est auto-chargé de la transition et réclament un gouvernement mixte avec des militaires et des civils.

La junte militaire tchadienne reste campée sur son refus de négocier avec le FACT
La junte militaire tchadienne reste campée sur son refus de négocier avec le FACTImage : Christophe Petit/AFP

Au Tchad, près d'une semaine après la mort du président Idriss Déby Itno, la junte militaire au pouvoir est de plus en plus contestée.

Tandis que l'ex-parti au pouvoir est favorable à une transition militaire, l'opposition et la société civile dénoncent une charte de transition taillée sur mesures, en faveur des militaires. Ils exigent la dissolution de la junte et demandent la mise sur pied d'un gouvernement de transition incluant militaire et civils.

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Une médiation des pays du G5 Sahel tente d'aider les différents acteurs tchadiens à se mettre d'accord pour une transition apaisée.

Kingabé Ogouzeimi de Tapol,  le chargé de communication du FACTImage : facebook.com/kingabeogouzeimidetapol

"Eviter un bain de sang"

Kingabé Ogouzeimi de Tapol,  le chargé de communication du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) réagit sur l'antenne de la DW au refus du Comité militaire de négocier avec eux:

"Ce que, nous, on avait proposé, ce n'est pas par esprit de défaitisme. Tout simplement, parce que nous avons pris en compte les desiderata de notre peuple. Parce que, nous avons compris que notre peuple, malgré tout, malgré les sévices qu'il a connu, notre peuple a besoin qu'on offre une chance à la paix, pour éviter un bain de sang inutile dans la ville de N'Djaména et donc partout à travers le pays. Maintenant, vous comprendrez que ce n'est pas par souci de stabilité de la sous-région qu'on installe le CMT (Conseil militaire de transition, ndlr), au pouvoir à N'Djaména. Mais, effectivement par souci de préserver un certain nombre d'intérêts occultes sur le dos des Tchadiens. En tout cas, pour nous, la situation se clarifie. Comme ça. Ce qui nous permet d'agir, sans pour autant avoir des remords, de ne pas respecter les morts."

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Médiation du G5 Sahel

A défaut d'une médiation des pays de la zone CEMAC, ce sont donc les pays du G5 Sahel qui se sont saisis du dossier tchadien.

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Mandatés par leurs pairs, les présidents du Niger et de la Mauritanie ont échangé à N'Djamena après les obsèques du président Deby avec l'opposition et les partis de l'ancienne majorité présidentielle sur la nécessité d'une transition apaisée.

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A l'exception de l'ancien parti au pouvoir favorable à une transition militaire, l'opposition exige la dissolution de la junte au pouvoir pour parvenir à un gouvernement de transition consensuel.

Mobilisation au Tchad

Succès Masra, président du parti Les Transformateurs, veut "un président civil qui sera accompagné d'un vice-président chargé des questions sécuritaires et de défense ayant tous les moyens de pouvoir agir. Cela permet à la fois qu'on retrouve la légalité, la cohérence avec la charte de l'Union africaine qui condamne tous les coups d'Etats."

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Pour l'opposition, une transition de 18 mois, c'est trop long. D'autant que rien ne garantit pour le moment que des membres de la junte militaire ne se présenteront pas aux prochaines élections. L'opposition estime que la junte s'est arrogé des pouvoirs excessifs avec cette charte de transition. Un avis que partage l'ancien procureur de N'Djamena, Djimrabaye Bourngar :

"Le président du Conseil militaire de transition a plus de pouvoir qu'un président ordinaire élu et ce n'est pas juste. Ça veut dire que sur papier on consacre la méfiance. Il faut dissoudre cette histoire de Conseil militaire de transition, ça ne rassure personne, ça ne rassure même pas les militaires. Il faut créer un gouvernement de transition avec le conseil national de transition et définir correctement leur mandat. Quand vous voyez dans la charte, il n'y a pratiquement pas de mandat. Mais durant ce temps quel mandat ils ont, on ne sait pas. C'est comme si nous étions dans une situation ordinaire, ce n'est pas juste."

La société civile appelle également la population à descendre dans la rue demain mardi [27.04.2021] pour exprimer sa désapprobation de la transition militaire.

L'ancien procureur de N'Djamena, Djimrabaye Bourngar veut une transition bien régléeImage : facebook.com/djimrabaye.bourngar

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Maître Max Loalngar est le porte-parole de la coordination des actions citoyennes de la société civile et Président de la Ligue tchadienne des droits de l'Homme.

"Nous appelons dès mardi la population à sortir dans les rues sur l'ensemble du territoire national pour une manifestation publique. Si la junte nous écoute et qu'elle est dissoute et bien nous reviendrons à des meilleurs sentiments afin que le dialogue que nous appelons de tous nos vœux soit mis en marche."

Enfin selon nos sources, une délégation d'acteurs politiques tchadiens est attendue à Niamey au Niger dans les prochains jours pour poursuivre les discussions sur la transition.

 

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais