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Réactions à la condamnation d'Aung San Suu Kyi

Sandrine Blanchard | Avec agences
6 décembre 2021

L'ex-dirigeante birmane renversée par la junte en février a été condamnée à quatre ans de prison. Et cela pourrait n'être qu'un début dans un pays qui compte des centaines de prisonniers politiques.

Aung Suu Kyi avait appelé à résister aux militaires après le coup d'Etat du 1er février 2021 (archive)
Aung Suu Kyi avait appelé à résister aux militaires après le coup d'Etat du 1er février 2021Image : Koen van Weel/picture alliance /ANP

Assignée à résidence depuis le putsch du 1er février dernier en Birmanie, Aung San Suu Kyi a été reconnue coupable par une cour militaire, d'incitation aux troubles publics et de violation des règles sanitaires en lien avec la Covid-19. Celle qui dirigeait la transition démocratique depuis son élection aux législatives en 2015, écope de quatre ans de prison. Mais n'ira pas de suite derrière les barreaux car d'autres accusations pèsent encore sur elle. Ce procès fait du bruit à l'international. Une pression qui a peut-être poussé la junte à réduire la sentence de quatre à deux ans quelques après le verdict.   

Un procès "à visée politique"

Les responsables de la LND, le parti d'Aung San Suu Kyi, dénoncent un procès politique, au verdict "prémédité" et "sans preuve".

Le Royaume-Uni a été parmi les premiers Etats à réagir, condamnant une "tentative effroyable (...) d'étouffer l'opposition et de supprimer la liberté et la démocratie".

Les dirigeants de la junte au pouvoirImage : AFP/Getty Images

Plus mesurée, la Chine appelle les Birmans à "surmonter leurs différends dans le cadre de la Constitution".

Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, réclame la libération immédiate de l'ex-dirigeante birmane.

L'Union européenne condamne également "fermement" ce verdict et demande la libération de tous les prisonniers politiques.

Une illustration de la répression

Le bureau Asie de l'ONG Human Rights Watch craint que les militaires veuillent s'assurer que la condamnation d'Aung San Suu Kyi ne soit "qu'un début".

Protestations en février contre le chef de la junte, le général Min Aung HlaingImage : STR/AFP

Emerlynne Gil, la directrice régionale adjointe d'Amnesty International pour l'Asie-Pacifique, y voit elle aussi "une illustration de la volonté de la junte de faire taire toute opposition et d'asphyxier toute liberté au Myanmar":

La chercheuse estime en effet qu'"il n'est pas seulement question ici du sort d'Aung San Suu Kyi, mais de celui des centaines de personnes détenues depuis le coup d'Etat, simplement pour avoir voulu exercer leurs droits humains en s'opposant aux militaires". Elle craint que "les méthodes de la junte [empirent]désormais, envers les personnes qui s'opposent à elle mais qui ne jouissent pas de la célébrité d'Aung San Suu Kyi".

Une longue procédure

Outre les accusations d'incitation aux troubles publics et la violation des règles sanitaires, pour lesquelles Aung San Suu Kyi a écopé ce matin d'une peine de quatre ans d'emprisonnement (réduite ensuite à deux ans par la junte), l'ex-dirigeante de la transition démocratique est encore poursuivie pour de nombreux chefs d'accusation comme la sédition, la corruption, la fraude électorale… et même l'importation illégale de talkies-walkies.

Aung San Suu Kyi bénéficie encore d'un fort soutien à l'internationalImage : May James/ZUMA Wire/picture alliance

En tout, Aung San Suu Kyi encourt jusqu'à cent ans de réclusion. Les audiences se tiennent à huis clos. La presse n'est pas autorisée non plus à y assister. Les avocats de la défense n'ont, depuis la mi-octobre, ni le droit de prendre la parole ni d'être en contact avec les médias, les diplomates, les organisations internationales ou les gouvernements étrangers.

>>> Lire aussi : Le calvaire des Rohingyas du Bangladesh et de Birmanie

L'ancien président birman Win Myint a lui aussi été condamné à quatre ans de prison pour les mêmes faits qu'Aung San Suu Kyi. Il a vu aussi sa peine réduite de deux ans par la junte. Lui aussi doit encore répondre d'autres chefs d'accusations. Le prochain verdict est attendu pour le 14 décembre.

Depuis le putsch, plus de 1.300 personnes auraient été tuées dans la répression de la contestation et près de 10.000 incarcérées. Une ONG locale fait état de cas de torture grave.

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