Aux grands mots...
15 octobre 2012Rarement un tel discours a connu une telle attention, explique die tageszeitung. Comme Liao Yiwu le dit lui-même, "nous ne sommes plus des poètes, mais des témoins de l'Histoire". Pour lui, la transmission orale de la vérité renforce la capacité de mémoire et sape la légitimité du pouvoir. L'œuvre de Liao Yiwu est désormais une aide fabuleuse pour tous ceux qui n'ont pas la possibilité de parler librement.
Le quotidien de Berlin revient également dans ses commentaires sur le conflit qui oppose désormais la Turquie et la Syrie. Si les alliés occidentaux d'Ankara lui témoignent leur solidarité, leur crainte de voir ce conflit embraser toute la région augmente.
Une solidarité soulignée par la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui relève la déclaration de Guido Westerwelle, le Ministre allemand des Affaires étrangères, accordant à la frontière turco-syrienne le statut de frontière de l'OTAN, au même titre que celle entre l'URSS et la Norvège du temps de la Guerre Froide. Dans ce contexte, et si la situation dans la région continue de s'aggraver comme ces dernières semaines, cette citation implique une intervention militaire de l'Alliance atlantique dont celle-ci ne veut pourtant pas.
Ce qui fait dire à die Welt : que cette avant-guerre se décompte désormais en jours ou en semaines, qu'importe. Personne ne croit plus qu'une guerre ouverte puisse être évité entre les deux pays. Le dictateur syrien se pense invincible parce qu'il dispose d'un arsenal d'armes chimiques et biologiques. Cela pourrait être une erreur. Moscou ne lui accordera sans doute plus son soutien si le risque apparaît que ces armes de l'Apocalypse peuvent retraverser le Caucase et venir frapper la Russie. Cela pousserait en outre Israël et Washington à intervenir.
Si la Syrie est un théâtre d'opérations sur lequel s'affrontent l'Iran chiite d'un côté et les monarchies arabes sunnites de l'autre, Ankara ne veut pas gâcher ses relations avec tous ces partenaires, analyse la Süddeutsche Zeitung. La Turquie veut conserver sa stabilité intérieure. Celle-ci, et celle du gouvernement Erdogan, pourraient en pâtir fortement si l'économie turque, actuellement en plein essor, devait souffrir d'une guerre. La Turquie est le grand magasin du Proche-Orient et la guerre, c'est mauvais pour les affaires, conclut le quotidien de Munich.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Sandrine Blanchard