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Avant de plier bagage, Donald Trump gracie ses alliés

30 décembre 2020

La grâce accordée par Donald Trump à plusieurs employés de la société de sécurité privée Blackwater est très décriée. Et cette grâce avait été précédée d’autres gestes aussi décriés.

Donald Trump avec des responsables républicains
Image : Samuel Corum/Getty Images

Les quatre hommes grâciés par le président américain avaient été reconnus coupables d'avoir pris part à une fusillade à Bagdad le 16 septembre 2007 et avaient été lourdement condamnés. 

Ce épisode sanglant avait provoqué un scandale international mettant notamment en lumière le recours à des sociétés privées par l'armée américaine. 

La grâce de Donald Trump est unanimement dénoncée dans la communauté internationnale surtout qu'elle intervient à moins d'un mois de la fin de son mandat et de son départ de la Maison Blanche.

Un affront aux victimes 

Image : AP

"Grâcier les employés de Blackwater est un affront à la justice, aux victimes du massacre de la place Nisour et à leurs familles", a écrit Jelena Aparac, qui préside le groupe de travail de 5 experts indépendants sur l'emploi de mercenaires.

"Ces grâces violent les obligations des Etats-Unis au regard de la législation internationale mais plus largement, elles minent les lois humanitaires et les droits de l'homme au niveau mondial", a-t-elle ajouté.

Pour Jelena Aparac, comme pour les autres experts, ces grâces de Trump peuvent constituer un précédent pour des abus futurs, quand des Etats emploient des compagnies de sécurité privées pour exécuter des fonctions régaliennes.

Légitime défense contre des civils?

Dans cette affaire, quatorze civils irakiens avaient été tués et 17 autres blessés. Les gardes de Blackwater avaient affirmé avoir agi en état de légitime défense.

Les quatre hommes grâciés par le président américain : Dustin Heard, Evan Liberty, Paul Slough, Nicholas SlattenImage : picture-alliance/AP Photo

Or les tueries avaient accru le ressentiment des Irakiens à l'égard des Etats-Unis, qui ont envahi le pays en 2003.

Même si la Maison Blanche avait justifié le geste du président Donald Trump en soulignant que les quatre hommes, tous anciens militaires, avaient un long passé de service à la nation, la pilule est difficile à faire passer.

Grâces présidentielles à qui mieux-mieux

Dans la soirée du 24 décembre dernier, la Maison Blanche a dévoilé une liste de près de trente grâces et autres mesures de clémence signé le président Trump. 

Parmi les bénéficiaires figure Paul Manafort, son ex-directeur de campagne en 2016 et son ancien conseiller Roger Stone : deux personnalités mises en cause dans l'enquête sur l'ingérence russe dans la présidentielle américaine, lors de laquelle Donald Trump avait été élu.

Image : picture-alliance/AP Photo/S. Wenig

Donald Trump avait aussitôt été accusé de recourir une fois de plus et de façon abusive au droit de grâce. Fin novembre, il avait déjà gracié Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale, également mis en cause dans la même affaire russe.
     
"Pourri jusqu'à la moelle", a alors fustigé le sénateur Ben Sasse, pourtant membre aussi du parti républicain. 

"Trump vient de gracier une autre bande de criminels de son gang", avait aussi dénoncé l'élu démocrate du Texas, Lloyd Doggett sur Twitter. 

Tout comme les graciés du 24 décembre, le fondateur de Blackwater est un proche du président sortant. 

L'entreprise Blackwater, qui a disparu depuis l’affaire, avait été fondée par l'un des plus farouches partisans de Donald Trump, Eric Prince, qui est aussi le frère de la ministre de l'Education Betsy DeVos.