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Avertissements ignorés au Kenya

Marie-Ange Pioerron4 octobre 2013

La presse allemande continue de s'intéresser à l'attaque du centre commercial de Nairobi. Elle relève que beaucoup de questions sont toujours sans réponse.

A la recherche d'indices après l'attaque contre le Westgate
A la recherche d'indices après l'attaque contre le WestgateImage : Reuters

La Berliner Zeitung par exemple se fait l'écho des reproches adressés aux autorités kenyannes qui n'auraient pas pris au sérieux les avertissements lancés par les services de sécurité. Le déroulement exact de l'attaque revendiquée par les shebabs soulève aussi bien des questions, note le journal. La concertation aurait tourné à la cacophonie entre la police, qui a été la première à intervenir, et l'armée qui est arrivée plus tard. Le commandant d'une unité spéciale de la police aurait même été pris sous le feu de militaires. Il est aussi à peu près certain, poursuit le journal, que l'effondrement d'une partie du bâtiment n'a pas fait suite à un incendie allumé par les terroristes, mais à des tirs de bazookas. Les soldats auraient utilisé cette arme de gros calibre pour déloger des assaillants retranchés dans la chambre forte d'un supermarché. Et souligne encore le journal dans cet article paru le 1er octobre, on ignore toujours combien de victimes sont encore ensevelies sous les décombres.

Dans Stone Town, à ZanzibarImage : imago/imagebroker/auth

La fin de la tolérance à Zanzibar

Au sud du Kenya, Zanzibar, au large de la Tanzanie, est un paradis pour les touristes. L'île tient aussi à entretenir son image multiculturelle. Mais les attaques contre les chrétiens se multiplient . Et c'est un sujet pour la presse allemande. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relate le drame vécu par un homme du nom de Cheikh Fadhil Suleiman Soraga. Il a été totalement défiguré par une attaque à l'acide. Cela s'est passé en novembre. Il n'est ni le premier ni le dernier à avoir été défiguré de manière aussi bestiale, écrit le journal. Depuis deux ans ce sont principalement des représentants d'institutions chrétiennes qui sont attaqués de cette manière, probablement par des membres d'un groupe qui se nomme Uamsho (un mot swahili qui signifie réveil) et qui prétend combattre pour l'indépendance de Zanzibar. Les autorités de Dar-es-salaam les classent dans la mouvance des shebabs somaliens, ceux-là mêmes donc qui revendiquent l'attaque de Nairobi. Mais poursuit le journal, Cheikh Soraga n'est pas chrétien. C'est un musulman, et pas n'importe lequel. C'est le bras droit du mufti de Zanzibar. C'est à lui qu'il revient, au nom du gouvernement semi-autonome de l'île, de veiller à la bonne entente entre les religions. Le groupe Uamsho ne reconnait pas son autorité.

Manifestation anti-gouvernementale le 28 septembre 2013Image : picture alliance/AP Photo

Répression au Soudan

Malgré la répression, les manifestations n'ont pas faibli ces derniers jours au Soudan. Elles ont été déclenchées par la suppression des subventions pour le carburant. Le régime affirme qu'il ne reviendra pas sur cette décision. D'où le mécontentement d'une large frange de la population soudanaise, évoqué notamment par un quotidien suisse de langue allemande. La Neue Zürcher Zeitung, un quotidien de Zurich, parle de sanglantes manifestations au Soudan. Mais précise le journal, à la différence des manifestations de l'année dernière, qui s'inspiraient directement du "printemps arabe" ce sont cette fois des travailleurs et des consommateurs qui forment l'avant-garde de la protestation. Elle a commencé à Medani, un centre agricole et industriel situé au sud-est de Khartoum et s'est étendue entre-temps, avec des milliers de manifestants, à d'autres villes. Il faut dire qu'en l'espace de deux ans, souligne le journal, les prix des carburants ont augmenté de 160%. La sanglante répression confère une dynamique supplémentaire à la colère populaire. Mais des fissures apparaissent aussi au sein du parti au pouvoir, le NCP. Une cinquantaine de fonctionnaires du parti d'Omar el-Béchir ont demandé le rétablissement des subventions et l'arrêt des brutalités policières.

Partisans de Mohamed Morsi, début août 2013Image : Gianluigi Guercia/AFP/Getty Images

Le barbier de Guizeh

Plus au nord, en Egypte, la répression continue contre les Frères musulmans. Ceux qui ne veulent pas attirer les soupçons sur eux se précipitent chez le barbier. Le quotidien Die Welt emmène ses lecteurs à Guizeh, non loin du Caire, chez un barbier dénommé Wissam Ibrahim. Son salon ne paie pas de mine. Deux chaises datant des années 60, avec des appuie-tête, en constituent le mobilier. "En temps normal les deux chaises me suffisent", déclare Wissam, "Mais en ce moment j'aurais besoin du double." Depuis un mois le barbier de Guizeh est débordé par la clientèle. Jamais il n'a gagné autant d'argent. Il y a encore peu de temps, c'était pourtant l'inverse. "Quand les Frères musulmans étaient au pouvoir, tout le monde voulait porter la barbe." Sa boutique était souvent vide. Depuis la chute de Mohamed Morsi le 3 juillet et la dissolution brutale des campements de protestation il y a six semaines, les hommes veulent se débarrasser de leur barbe. Rarement on a vu dans les rues du Caire autant de joues masculines rasées de près. Sur certains visages des emplacements plus clairs trahissent la barbe qui il y a peu de temps protégeait la peau du soleil. Certains préferent donc s'en tenir à une barbe de trois jours. ajoute Die Welt.

Dans un centre de nutrition de l'Agro-action allemande à MadagascarImage : picture-alliance/dpa

Recul de la faim dans le monde

Enfin selon le dernier rapport de la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la faim continue de reculer dans le monde. L'un des objectifs du millénaire, réduire de moitié d'ici à 2015 le nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement, pourrait être atteint. C'est en tout cas ce que veut croire un journal allemand. La Frankfurter Allgemeine Zeitung se montre en effet très optimiste. Elle note que sur la période 2011-2013, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a été de 842 millions, soit 26 millions de moins que pendant la période 2010-2012. Les causes de cette amélioration peuvent paraître surprenantes, estime le journal: ce sont la croissance économique et l'accroissement de la productivité agricole, mais aussi les prix relativement élevés des denrées alimentaires ces dernières années. La FAO donne l'explication suivante: les recettes d'exportation de nombreux pays en développement, y compris pour les matières premières agricoles, ont augmenté et entraîné une hausse du pouvoir d'achat. Parallèlement plus d'argent a été investi dans l'agriculture. Cela dit le journal reconnait qu'en Afrique subsaharienne, les progrès sont encore modestes.