Malgré les divergences entre les putschistes au Niger et les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le Bénin a en effet autorisé l’Organisation des Nations Unies à déployer un cordon humanitaire vers le Niger. Mais les barrages à l’entrée du Niger ne facilitent pas l’acheminement de cette aide de l’ONU composée de vivres et de médicaments. C’est pourquoi le ministre béninois des Affaires Étrangères Olushegun Adjadi Bakari, demande dans sa correspondance adréssée au président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray,  que le blocage soit levé par les autorités militaires au Niger afin de faciliter l’opération humanitaire.

Pour l’analyste Bruno Houessou, "le Bénin n'a jamais fait quelque chose contre le Niger et le Bénin a intérêt à ce que cette situation se dégèle assez rapidement puisque les Béninois ressentent la situation et ce qu'ils ressentent, ils le déversent sur leurs gouvernants."

Une diversion?

Une source proche de la junte rappelle que ces barrages existent depuis la décision de la Cédéao d’intervenir militairement au Niger. Même s’il n’y a pas pour l’instant de réponse officielle des militaires putschistes, les populations rejettent l’ouverture d’un couloir humanitaire passant par le Benin.

Elh Idi Abdou, acteur de la société civile rappelle que le Benin est soupçonné de préparer une attaque militaire contre le Niger avec l’aide de la France.

"C'est le peuple qui dit qu'il ne veut pas du corridor du côté du Bénin. C’est une véritable diversion. C'est de la tromperie. Nous supposons que le Bénin a déclaré la guerre au Niger. Le président Patrice Talon, accepte de servir de base pour qu'on agresse le Niger en toute illégalité. Ça, c'est un acte que nous ne pouvons pas tolérer. Au moment où les Nigériens avaient besoin de cette aide, ils l'ont bloqué. Maintenant, on a acquis une résilience, on n'en a même plus besoin. Et dans tous les cas, la souveraineté a un prix et le peuple nigérien a consenti ce prix-là", ajoute l'acteur de la société civile au Niger.

Si certains Nigériens disent non à l’option du Benin, ils sont cependant favorables à l’acheminement de l’aide de l’Onu par le Togo. Ce pays a en effet aussi annoncé sa disponibilité à faciliter le travail des agences humanitaires des Nations unies qui apportent une assistance vitale aux populations vulnérables dans le contexte de la crise politico-sécuritaire au Niger.