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Bénin : l'armée fait échec à une "mutinerie" (officiel)

7 décembre 2025

Le ministre de l'Intérieur et de la sécurité publique parle d'une "mutinerie, quelques heures après qu'un groupe de militaires a annoncé avoir pris le pouvoir.

Les soldats mutins ce dimanche 7 décembre à la télévision nationale
Le gouvernement affirme avoir déjoué le coup d'État et arrêté une douzaine de militairesImage : Benin TV/REUTERS

Dans une courte déclaration télévisée qu'il a faite vers 11H TU ce dimanche 7 décembre, le ministre béninois de l'Intérieur et de la sécurité publique, Alassane Séidou, confirme la thèse du putsch manqué.

"Un groupuscule de soldats a engagé une mutinerie dans le but de déstabiliser l'Etat et ses institutions", a-t-il affirmé, appelant les Béninois à vaquer à leurs occupations.

La manoeuvre selon lui a été déjouée par les Forces armées béninoises et leur hiérarchie qui sont restées "républicaines".

La situation était confuse depuis ce dimanche matin à Cotonou, la capitale économique du Bénin où se trouve le siège du pouvoir.

La Société de radiodiffusion et de télévision du Bénin (SRTB), dont le signal a été coupé, a été prise d'assaut par un groupe de soldats annonçant la prise du pouvoir par l'armée. Alors que les populations s'interrogent sur ce qui se passe, certaines sources bien introduites parlent d'une tentative de coup d'Etat contre le président Patrice Talon.

Déclaration lue sur la chaîne de télévision publique

Le Bénin a connu une période d'instabilité marquée par une série de coups d'Etat au lendemain de l'indépendance du pays en août 1960Image : Séraphin Zounyekpe

Le groupe composé d'une dizaine de soldats, intervenant sur un plateau de la SRTB, égrène un chapelet d'accusations dont "la mise à la retraite d'office de nombreux militaires et paramilitaires sur fond de règlement de compte, la radiation de fonctionnaires de l'Etat, l'annulation par l'Etat de la prise en charge des personnes dialysées entraînant des décès en cascade ..." 

Le texte évoque également une "mauvaise gestion du secteur agricole, la réduction voire l'annulation déguisée des libertés fondamentales, la confiscation de tous les secteurs vitaux de l'économie nationale par une minorité, l'instauration d'impôts étouffant des populations déjà pauvres, l'attribution de marchés publics sans transparence".

La déclaration souligne par ailleurs, sur le plan politique, une "exclusion des acteurs ayant des idées contraires à la gouvernance de Patrice Talon et la privation de certains citoyens de leur droit de choisir leur candidat, le renvoi en exil de certains citoyens, l'arrestation de citoyens sur fond d'intimidation" etc. 

Comité militaire pour la refondation 

Le groupe de militaires annonce l'installation d'un "Comité militaire pour la refondation" sous la conduite du lieutenant-colonel Pascal Tigri et annonce la suspension de la Constitution nouvellement révisée au mois de novembre 2025, la dissolution de toutes les institutions, la suspension des activités des partis politiques et la fermeture des frontières du pays.

Condamnation

Sur X, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Mahamoud Ali Youssouf, a condamné "fermement et sans équivoque" la tentative de coup d'État dimanche matin au Bénin contre le président Patrice Talon. Il a appelé les militaires à rentrer dans leurs casernes.

Mahamoud Ali Youssouf a également exhorté, "tous les acteurs impliqués dans la tentative de coup d'État à cesser immédiatement toutes actions illégales" et à "retourner sans attendre à leurs obligations professionnelles".

Alternance en vue 

Romuald Wadagni se présente à la présidentielle de 2026 en duo avec Mariam Chabi Talata, l'actuelle vice-présidente de Patrice Talon. Il est un des fidèles collaborateurs du président et occupe le prestigieux poste de ministre des Finances et de l'économie.Image : Ute Grabowsky/BMZ/photothek.de/picture alliance

Le Bénin s'apprête à se rendre aux urnes en 2026 pour plusieurs échéances électorales.

L'année commencera avec les élections législatives et communales en janvier. Suivra une élection présidentielle très attendue en avril 2026, à laquelle le président sortant, Patrice Talon, n'est pas candidat. Son dauphin, Romuald Wadagni, occupe actuellement la fonction de ministre des Finances et de l'économie et fait figure de grand favori à cette élection.

Le principal parti de l'opposition, Les Démocrates, présidé par l'ancien chef de l'Etat Boni Yayi, sera le grand absent à cette échéance, car sa candidature n'a pas été validée à la suite d'une crise interne au parti.