1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Les chantiers du nouveau président de la BAD

1 septembre 2025

Sidi Ould Tah a pris ses fonctions. Plusieurs défis l'attendent à la tête de la première institution financière de développement du continent.

 Sidi Ould Tah
Sidi Ould Tah est le neuvième président de la BAD.Image : Issouf Sanogo/AFP

Élu le 29 mai dernier avec 76,18 % des voix, le nouveau président de la Banque africaine de développement, le Mauritanien Sidi Ould Tah, est entré en fonction le 1er septembre 2025. Il remplace le Nigérian Akinwumi Adesina, qui a passé dix ans à la tête de l'institution. 

La cérémonie de prestation de serment du nouveau patron de la première institution financière de développement du continent a eu lieu au siège de l’institution, à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire.

La Bad a été créée en 1963 à Khartoum, au Soudan, avec, au départ, 23 pays africains membres. Son siège a été ensuite délocalisé à Abidjan, en 1965. 

Bilan satisfaisant

L'analyse de l'économiste Modibo Mao Makalou,

This browser does not support the audio element.

La Bad a pour objectif premier de faire reculer la pauvreté dans ses pays membres, en contribuant à leur développement économique et à leur progrès social. 

Pour atteindre ces objectifs, elle s'appuie sur trois organes, à savoir : la Banque africaine de développement proprement dite, le Fonds africain de développement et le Fonds spécial du Nigeria. 

Entre 2015 et 2025, la Bad, sous son ancien président Akinwumi Adesina, a réussi à obtenir le financement de nombreux projets de développement dans l’agriculture, l’énergie, la santé, l’eau et l’infrastructure. 

Plus de 550 millions de personnes ont bénéficié des projets de la banque, dont 231 millions de femmes, a déclaré le président sortant de la Bad, en dressant son bilan.

Les nombreux chantiers qui attendent Sidi Ould Tah

L'ancien ministre mauritanien de l'économie et des Finances peut mettre au profit de la Bad son expérience dans son pays comme argentier national et surtout, à la Banque arabe pour le développement de l'Afrique (Badea), où il a réussi à multiplier par huit les décaissements. 

​L'interview du Pr Noël Magloire Ndoba

This browser does not support the audio element.

"Décupler les montants engagés par la Bad. Construire l'institution de manière à la restructurer pour devenir le premier acteur financier africain. Créer des emplois de manière massive pour les jeunes, à travers la dynamique de création des petites et moyennes entreprises. Enfin, il a une quatrième priorité qui est d'accélérer la construction des infrastructures africaines en matière de transport et d'énergie, pour appuyer l'intégration régionale", enumère Noël Magloire Ndoba, économiste du développement et ancien doyen de la faculté des sciences économiques de l'université de Brazzaville

Pour sa part, Modibo Mao Makalou, économiste malien et ancien conseiller aux affaires économiques à la présidence du Mali ajoute que "la Banque africaine de développement a développé une stratégie pour le moyen terme sur les dix années à venir qui repose sur quatre axes essentiellement. Il s'agit d'abord de réformer l'architecture financière africaine, deuxièmement, de transformer les dividendes démographiques, surtout l'industrialisation et la valorisation des ressources naturelles en Afrique. Donc, c'est un vaste chantier, mais qui n'est pas en dessous des moyens du nouveau président de la Bad".

Le désengagement américain, source d'inquiétudes?

Le budget de la Banque africaine de développement provient des souscriptions de 54 pays africains, les membres régionaux, ainsi que de 28 pays non régionaux, composés, entre autres, de l'Allemagne, du Canada, de la Chine, des États-Unis, de la France, du Japon, ou encore du Royaume-Uni.

Mais la Bad devrait perdre le soutien de son principal donateur, les Etats-Unis. La Maison Blanche a en effet annoncé la suspension de son appui, estimé à 555 millions de dollars, dans son projet de budget 2026. Le désengagement de Washington n'est pas une fatalité, rassure l'économiste Noël Magloire Ndoba.

En 60 ans d'existence, son capital est passé de 250 millions à 318 milliards de dollars américains. Ce qui fait d'elle la principale institution multilatérale de développement en Afrique.