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Le gouvernement togolais assure de sa volonté d'apaisement

Dirke Köpp
15 novembre 2018

Le porte-parole du gouvernement, Gilbert Bawara, explique pourquoi le gouvernement ne veut pas repousser les élections fixées au 20 décembre. Au micro de la DW, il revient aussi sur le cas de l'opposant Tikpi Atchadam.

Gilbert Bawara
Image : DW/J. C. Abalo

"Nous ne pouvons pas rester éternellement dans une attitude d'attentisme"

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DW : Le dialogue au Togo est de nouveau au point mort. Que faire ? 

Gilbert Bawara : Le gouvernement a tout fait pour privilégier le dialogue, l'esprit de compromis, le sens de l'ouverture : avec la recomposition de la Ceni, avec la décision d’accorder trois jours supplémentaires en vue du recensement électoral. Et nous allons également poursuivre avec les mesures d'apaisement, notamment en faveur de ceux qui sont encore détenus. 

DW : Et pourtant, pour l'opposition ce n'est pas ce qui a été discuté à Conakry. A savoir que les jours ne sont pas suffisants et que les conditions ne permettent pas d'aller aux élections le 20 décembre, une date qui a été proposée par la Cédéao mais qui n'est pas une obligation selon elle.

Bawara : On ne peut pas dire que la date du 20 décembre ne soit pas une obligation. Pourquoi devrait-on respecter les autres recommandations et décisions de la Cédéao et ne pas respecter la date des élections? Les législatives auraient dû avoir lieu avant le 19 août 2018. Nous ne pouvons pas rester indéfiniment dans cette situation d'attentisme et d'incertitude. 

DW : Et si jamais l'opposition reprenait ses marches. Comment le gouvernement réagirait ? 

Bawara : Les manifestations relèvent des droits politiques et des libertés démocratiques. Je ne vois pas pourquoi lorsqu'il s'agit d'exercer et de jouir des libertés démocratiques, des droits politiques, l'opposition devrait agiter cela comme une menace ou quelque chose contre le gouvernement. En toute hypothèse, le gouvernement continuera à respecter le droit de manifestation, les activités politiques des partis politiques, à partir du moment où le cadre légal est respecté, qu'il n'y a pas une volonté de provocation, qu'il n'y a pas de violences. C'est ça le plus important. Donc qu’il y ait des manifestations n’est pas un problème. Le rôle de l'Etat est de prendre des mesures d'encadrement des manifestations et d'éviter qu'il y ait des débordements et des violences. 

DW : Et que faites-vous pour justement éviter les débordements ? 

Bawara : Nous avons des forces de sécurité et des forces de l'ordre: la police, la gendarmerie qui sont professionnelles, qui sont bien formées et qui généralement n'utilisent pas des moyens létaux. Celles-ci n'ont comme objectif que de travailler avec les organisateurs des marches pour s'assurer que les marches et les manifestations se déroulent de manière pacifique. Les policiers et les gendarmes assument une tâche de puissance publique et ne sont pas là pour réprimer ou pour causer des dommages. 

DW : Parlons aussi de la sécurité des opposants. Et justement, il y en a un par exemple, Tikpi Atchadam, un des leaders de l'opposition, qui n'ose pas revenir au Togo parce qu'il craint pour sa sécurité. Qu’est-ce que le gouvernement fait pour qu’il revienne ?

Bawara : Je ne crois pas que monsieur Tikpi Atchadam soit beaucoup plus important que les autres leaders politiques et acteurs politiques, y compris les autres membres de la coalition des 14 partis qui prennent des risques, qui sont sur le terrain. Moi, je crois que, à un moment donné, le courage c’est également un élément déterminant en politique. Si on n'a pas suffisamment de courage pour affronter des situations difficiles et des défis, alors là, on devrait faire autre chose. Le gouvernement en décembre 2017 a pris l'engagement de mettre à la disposition de tous les leaders et acteurs politiques qui le souhaitent les mesures de sécurité et de protection. 

DW : Justement, c'est de cela que nous parlons.

Bawara : Cela doit être à leur demande parce que si nous le faisons de manière forcée, ils vont dire que nous cherchons à les surveiller et que nous les espionnons. Donc si monsieur Atchadam estime qu'il a des préoccupations et des inquiétudes particulières en matière de sécurité et de protection - s'il fait la demande, je peux réitérer l'engagement et la volonté du gouvernement, notamment à travers les services compétents, de mettre à sa disposition des éléments de sécurité. Bien entendu, cela ne peut pas le soustraire à sa responsabilité au cas où il commettrait des actes qui sont contraires à la loi. 

DW : Quelle est pour vous le rôle d'une opposition? 

Bawara : L'opposition est importante dans un pays. D'abord quand on opte et on choisit le pluralisme politique et démocratique, on ne peut pas ne pas accepter qu'il y ait d'autres partis politiques, y compris les partis qui critiquent le gouvernement. Cela est extrêmement important. L'opposition doit pouvoir également participer à l'animation de la vie politique. Sensibiliser les citoyens, éduquer les citoyens et en même temps œuvrer pour conquérir le pouvoir. De la même manière que c'est légitime pour ceux qui sont au pouvoir dans le respect de l'ordre constitutionnel et des lois du pays de chercher également à préserver le pouvoir dans le respect des règles. 

Point de la situation

Le dialogue au Togo est de nouveau au point mort. Après les discussions à Conakry, l'opposition de la C14 rejette la prorogation de trois jours du recensement électoral et appelle à de nouvelles manifestations pour le 17 novembre.

Elle annonce également que ses représentants pour la CENI ne prêteront pas serment si les revendications de la C14 ne sont pas satisfaites.

La C14 exige l'élaboration d'un nouveau chronogramme pour les élections avec une CENI consensuelle et le vote à deux tours déjà pour les élections législatives – et non pas seulement pour la présidentielle en 2020.

Dans une interview accordée à la DW, Gilbert Bawara, porte parole du gouvernement togolais et représentant du gouvernement pour le dialogue politique, sous le patronage de la Cédéao, explique pourquoi le gouvernement ne veut pas repousser la date.

Dans la deuxième partie de l'interview, il revient également sur le cas de l'opposant Tikpi Atchadam. Le chef du PNP (Parti national panafricain) se trouve toujours en exil - probablement au Ghana.

Il ne veut pas revenir au Togo parce qu'il dit craindre pour sa vie. Selon Gilbert Bawara, le gouvernement togolais propose de mettre l'opposant sous la protection de l'État.

NB: L'interview avec Gilbert Bawara a été réalisée juste avant l'annonce officielle de la marche du 17 novembre par la C14.

 

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