Berlin appelle l'Iran à négocier avec Israël et les USA
23 juin 2025
Le communiqué publié par le gouvernement allemand à l'issue de la réunion du cabinet de sécurité est bref : Berlin estime que de grandes parties du programme nucléaire iranien ont été affectées par les frappes aériennes des États-Unis mais qu'une analyse précise des dommages ne sera possible qu'ultérieurement.
Pour le reste, l'Allemagne va s'entretenir étroitement avec ses partenaires étrangers sur la marche à suivre.
Ce matin, le porte-parole du gouvernement, Stefan Kornelius, affirmait aussi que l'approvisionnement en pétrole et en gaz de l'Allemagne était assuré et que le pays ne dépendait pas de l'Iran pour ces deux ressources.
CDU et SPD s'équilibrent
Du côté des partis politiques qui composent la coalition au pouvoir, on retient la réaction de Jürgen Hardt, vice-président de la CDU au Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand. Il estime que le coup porté par les États-Unis à l'Iran était prévisible étant donné le refus de Téhéran de répondre à l'offre de négociation des Européens – ces derniers avaient tenté, vendredi, de trouver avec leur homologue iranien, une solution diplomatique au conflit sans succès.
Toujours selon le conservateur, les frappes américaines éloignent au moins pour plusieurs années la menace nucléaire émanant de l'Iran ce qui constitue une bonne nouvelle pour Israël et le reste du monde libre, notamment l'Allemagne.
Autre son de cloche du côté du SPD avec cette réaction de Rolf Mützenich, spécialiste de la politique étrangère du parti social-démocrate. Dans un entretien au quotidien Tagesspiegel, il estime que "la tentative de renforcer l'ordre international par la coopération, le contrôle et les traités fait un pas en arrière de plusieurs décennies".
"Sur le plan juridique, l'Allemagne doit évidemment critiquer les actions des États-Unis et d'Israël parce qu'elles ne sont pas conformes au droit international", affirme aussi Rachel Tausendfreund, chercheuse à la DGAP, la société allemande de politique étrangère . Ce n'est pas là une façon de faire qui est souhaitable. C'est même un processus très dangereux lorsque des pays décident d'utiliser un avantage militaire et de frapper. Ce n'est pas un monde que l'Allemagne souhaite. Ce n'est pas un monde sûr pour qui que ce soit".
Préoccupations du côté de l'opposition
Du côté de l'opposition allemande, signalons la réaction des écologistes qui demandent des comptes aux Etats-Unis en matière de droit international, un droit qui ne tolère pas les attaques sur des cibles nucléaires.
Des critiques des frappes américaines, aussi, à gauche. Die Linke estime que les bombardements américains sont contraires au droit international. Et qu'il faut que toutes les parties mènent une politique de désescalade. Pour Die Linke, seules des négociations peuvent éviter l'Iran de se doter de l'arme atomique et par ailleurs, le parti estime que si les Occidentaux se mettent aussi à violer de la sorte le droit international, il leur sera difficile de trouver des appuis pour critiques les violations commises par la Russie de Vladimir Poutine.
La Bundeswehr à la manœuvre
Une autre grande préoccupation du gouvernement allemand depuis le début de la confrontation entre Israël et l'Iran c'est l'évacuation de ressortissants basés en Israël – une tâche rendue délicate par la fermeture de l'espace aérien israélien depuis le 13 juin. Il a depuis été réouvert par intermittence pour des vols de rapatriement.
A l'issue de négociations ardues avec Israël, la Bundeswehr a pu ainsi, pour la première fois, se poser en Israël et rapatrier 64 ressortissants allemands dans la soirée de samedi. Une opération qui visait en particulier des familles avec des enfants et des personnes vulnérables. Par ailleurs, 123 citoyens allemands ont aussi pu rejoindre l'Allemagne ce week-end via la Jordanie.
Selon la liste électronique qui recense, sur une base volontaire, les Allemands vivants à l'étranger, 4.300 citoyens allemands vivent en Israël, un millier en Iran. Pour ces derniers, aucun transport spécial n'a été prévu pour le moment.