1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Berlin démasque un agent double au service de la Russie

Konstanze Fischer | Avec agences
23 décembre 2022

L'affaire fait grand bruit, alors que l'invasion russe de l'Ukraine fait peser des risques accrus d'espionnage sur l'Allemagne.

Siège du Bundesnachrichtendienst (BND), le service fédéral de renseignement à Berlin
Le BND est le service de renseignement extérieur du gouvernement fédéral allemand. Il est placé sous la tutelle de la Chancellerie. Image : Christoph Hardt/Geisler-Fotopress/picture alliance

Vingt-quatre heures après l'arrestation du ressortissant allemand Carsten L., très peu de détails filtrent. Il jeudi (22.12.2022) : "la retenue et la discrétion sont très importantes dans ce cas particulier", a-t-il déclaré. La Russie est "un acteur dont l'absence de scrupules et la propension à la violence sont à prendre en compte", a-t-il ajouté, et "chaque détail rendu public dans cette affaire représente un avantage pour cet adversaire, dans son intention de nuire à l'Allemagne".

Haut fonctionnaire du BND

L'agent arrêté est soupçonné de haute trahison et, selon le parquet fédéral, il aurait fourni "des informations collectées dans le cadre de son travail à un service de renseignement russe".

Quelles informations exactement ? Et à quel service russe ? Impossible de le dire pour le moment. En revanche, des médias ont indiqué que Carsten L. est un haut fonctionnaire du BND et que sa position lui permettait aussi d'avoir accès à du matériel fourni par des agences de renseignement amies des services allemands - notamment américaine et britannique.

Appel à la vigilance 

Avec inquiétude et détermination : depuis hier, les appels à une plus grande vigilance face à la Russie se sont multipliés.

"Il ne s'agit pas seulement d'une menace militaire, il s'agit d'une guerre hybride, a par exemple déclaré Nils Schmid expert en politique étrangère du parti social-démocrate. La Russie se considère depuis des années en conflit, voire en guerre, avec l'Occident et estime que tous les moyens sont permis, de l'assassinat d'opposants sur le sol allemand à l'espionnage. Et c'est là que nous devons agir avec beaucoup de vigilance et de détermination."

Il y a quelques semaines, un officier de réserve allemand s'est vu infliger une peine de prison d'un an et neuf mois avec sursis pour espionnage au profit de la Russie.Image : picture alliance/dpa

Les activités d'espionnage de la Russie sur le sol allemand ne datent pas d'hier mais depuis le début de la guerre en Ukraine, elles ont redoublé d'intensité et les services de sécurité mettent régulièrement en garde les autorités allemandes.

Autorités aux aguets 

Des autorités qui, selon Marie-Agnes Strack-Zimmerman, ont tous leurs sens en alerte. Elle dirige la commission de la défense au Parlement allemand : "La bonne nouvelle, c'est que quiconque espionne en Allemagne, que ce soit pour la Russie ou pour un autre pays, doit être conscient qu'il peut être découvert et transféré devant la justice. C'est le message à faire passer."

Avant même l'offensive russe en Ukraine, des allégations de cyber-espionnage avaient opposé les deux pays. La Russie est notamment accusée d'un piratage informatique de grande ampleur qui a visé en 2015, les ordinateurs du Bundestag (la chambre basse du Parlement allemand) et les services de la chancelière d'alors, Angela Merkel. Mais, les affaires comme celle dévoilée jeudi, impliquant le cœur même du renseignement allemand, qui emploie plus de 6.000 personnes, sont beaucoup plus rares.

Jeudi, Carsten L a été placé en détention provisoire. S'il est reconnu coupable de haute trahison, il pourrait écoper d'une peine d'emprisonnement d'au moins cinq ans, voire, selon la gravité des faits, d'une peine d'emprisonnement à vie.