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HistoireNamibie

Berlin maintient l'accord sur le génocide avec la Namibie

Daniel Pelz | Konstanze Fischer
23 mars 2023

Malgré une plainte devant la Cour suprême namibienne, le gouvernement fédéral veut appliquer la convention sur le génocide des Herero et des Nama.

Monument à la mémoire du génocide des Herero et des Nama
Monument à la mémoire du génocide des Herero et des NamaImage : Jürgen Bätz/dpa/picture alliance

La Cour suprême namibienne ne s'est pas encore prononcée. Mais si l'objectif des plaignants était de faire pression sur le gouvernement allemand, ils n'y sont, pour le moment, pas parvenus.

"Le gouvernement fédéral et le gouvernement namibien s'en tiennent à la déclaration commune et estiment que les questions encore en suspens doivent être résolues par le biais de nouvelles négociations", peut-on lire dans la réponse adressée à la députée allemande de gauche Sevim Dagdelen.

Celle-ci a adressé un courrier au ministère allemand des Affaires étrangères pour attirer l'attention sur la plainte déposée auprès de la Cour suprême namibienne. Mais concernant la plainte en elle-même, le ministère se borne à répéter que des représentants des deux gouvernements se sont rencontrés quatre fois entre novembre et décembre pour discuter des points encore litigieux. Une réponse qui ne satisfait pas Sevim Dagdelen : "Le gouvernement fédéral se dérobe à ses responsabilités en se référant au gouvernement namibien au lieu de préciser au moins, par respect pour la justice, qu'il s'abstiendra de mettre en œuvre la déclaration commune jusqu'à la décision du tribunal".

Avec l'accord de réconciliation signé en 2021, l'Allemagne a reconnu avoir commis un génocide entre 1884 et 1915 sur le territoire de ce qui était alors une colonie allemande. Image : imageBROKER/picture alliance

Négociations intergouvernementales

Autre point qui met la députée de gauche en colère : si négociations à venir il y a, elles se dérouleront encore et toujours au niveau gouvernemental.

Pas de discussion directes avec les Herero et les Nama comme le réclament depuis longtemps les représentants des deux peuples, Berlin argumentant comme suit : depuis son indépendance en 1990, la Namibie a un gouvernement démocratique qui représente l'ensemble de son peuple et qui interdit que des accords entre Etats soient passés avec des individus isolés ou des groupes d'individus.

Lifalaza Simataa, membre du LPM, parti d'opposition namibien critique cette position : "Les parties prenantes concernées n'ont pas été consultées. Or, c'est tout à fait nécessaire. Aucun représentant élu par le peuple namibien ne travaille dans le cadre de cette déclaration commune, de sorte qu'il n'y a pas de parlementaires pour l'examiner à la loupe. Mais il y a aussi des acteurs clés comme l'autorité traditionnelle OvaHerero et l'association des chefs traditionnels Nama qui ont été privés de toute participation directe à la conclusion de la déclaration commune."

Régulièrement, Berlin et Windhoek rappellent que d'autres représentants ont été consultés et ont participé aux négociations - le problème c'est que ces derniers ne parlent que pour une partie des Herero et des Nama. 

Plutôt qu'une aide au développement à la Namibie, ces manifestants réclament des réparations pour les descendants des Herero et des NamaImage : Paul Zinken/dpa-Zentralbild/picture alliance

Réparations 

Enfin, il y a aussi encore et toujours la question pécuniaire qui pose problème et là aussi, le gouvernement allemand reste ferme. L'Allemagne a promis une aide au développement de 1,1 milliard d'euros sur trente ans.

Une enveloppe qui doit profiter aux descendants des deux tribus. Or, ces derniers réclament des réparations officielles. Nandiuasora Mazeingo, président de la Fondation pour le génocide des Herero :

"Il s'agit d'un crime au regard du droit international. Et lorsque vous commettez un crime, vous reconnaissez votre culpabilité et vous payez la peine prévue. Et cette peine définie est la réparation. Il s'agit d'un accord de coopération bilatérale et d'aide au développement, entre autres. Bien sûr, l'Allemagne fournit cette aide à tous les pays du monde. Mais l'aide au développement, qui va à tous les peuples, est différente de la réparation".

Les opposants à l'accord dit de "réconciliation"doivent maintenant espérer que le tribunal namibien se prononce en leur faveur. Cela dit, même si la Cour suprême annulait l'accord, il semble peu probable que l'Allemagne cède à leurs exigences.