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Berlin veut booster les investissements allemands en Afrique

15 février 2019

Le 3ème sommet économique germano-africain s'est tenu à Accra. La presse allemande passe en revue les initiatives qui visent à favoriser les investissements des entreprises allemandes sur ce continent prometteur.

Un continent plein de promesses mais où les entreprises allemandes hésitent encore à s'implanter
Un continent plein de promesses mais où les entreprises allemandes hésitent encore à s'implanterImage : Imago/A. Hettrich

La conférence a lieu tous les deux ans dans la capitale ghanéenne, organisée par l'initiative subsaharienne de l'industrie allemande (Safri) et l'Afrika-Verein, une association qui regroupe des entrepreneurs allemands déployés en Afrique, détaille ainsi le quotidien économique Handelsblatt.

Pourquoi Accra? Parce que le Ghana est l'un des onze pays avec lesquels le gouvernement allemand a signé des partenariats d'investissement lors du sommet du G20 en 2017. Les pays partenaires de ces "Compacts" (dont font partie aussi la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Togo et le Bénin pour ne citer qu'eux) se sont engagés à faire des réformes pour devenir plus attirants pour les investisseurs privés.

Les investissements ne profitent pas aux populations locales

Les investissements en Afrique subsaharienne se concentrent en effet toujours sur une poignée de pays, en particulier ceux qui disposent de pétrole ou d'autres matières premières précieuses, constate la Süddeutsche Zeitung.

Des matières premières non transformées sont principalement exportées, ce qui crée peu de richesse dans les pays d'origine et ne fournit pratiquement pas d'emplois aux populations locales.

Le secteur de la transformation est minuscule et les marchés de l'emploi n'arrivent pas à suivre l'explosion démographique. Les bons chiffres de la croissance économique souvent cités pour de nombreux pays africains ne profitent pas à la population.

Un millier d'entreprises allemandes sont implantées en Afrique contre 10.000 chinoises, principalement actives dans le domaine de la constructionImage : picture-alliance/Photoshot/Zhang Gaiping

Dans ce contexte, poursuit la Süddeutsche, le rôle de l'Allemagne a été jusqu'ici mineur. La plus grande économie européenne a la réputation d'être frileuse à s'engager en Afrique.

Mais le gouvernement allemand veut changer cette image. Depuis 2015, la politique africaine de l'Allemagne est clamée haut et fort: renforcer les investissements privés au lieu d'injecter toujours plus d'aide au développement.

Un milliard d'euros pour encourager les entreprises allemandes

En octobre, la chancelière a annoncé la création d'un fonds d'un milliard d'euros pour attirer les investisseurs allemands sur le continent africain, considéré comme "la région du monde à la croissance la plus rapide".

Le secteur industriel allemand trouve que le gouvernement met trop de temps à lancer son fonds d'investissement, rapporte le Handelsblatt. Les petites et moyennes entreprises allemandes sont pourtant hautement intéressées par ce projet.

D'après le quotidien, 400 millions d'euros vont être mis à disposition des entreprises allemandes et africaines. Une somme versée par l'intermédiaire de la Banque DEG, filiale de la Kfw. Les entreprises allemandes devraient ainsi bénéficier de crédits à taux réduits pour lancer des projets dans les États partenaires.

Les entreprises africaines, elles, devraient pouvoir obtenir un capital de risque. Le gouvernement allemand veut en effet encourager la création de start-ups sur le continent, selon le Handelsblatt.

Exemple d'une coopération qui fonctionne: l'entreprise allemande Mobisol propose des cellules photovoltaïques en TanzanieImage : Mobisol

200 autres millions sont également prévus pour des garanties d'investissement, mais les conditions ne sont pas encore fixées. Et pour compléter le concept, le ministre allemand de la Coopération veut mettre en place une initiative spéciale de formation et d'emploi.

Objectif: créer 100.000 nouveaux emplois hautement qualifiés d'ici à 2021 sur le continent. Gerd Müller a profité de la conférence d'Accra pour annoncer son lancement au Ghana. 25.000 places d'apprentissage et 15.000 nouveaux emplois devraient y voir le jour au cours des trois prochaines années.

Autre initiative lancée à Accra, un "German Desk Ghana" de la Chambre allemande de commerce extérieur, ajoute la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La DIHK veut elle aussi faciliter l'installation des PME allemandes en Afrique.

D'autres bureaux du même type existent d'ailleurs déjà au Kenya et au Nigeria. Ils aident les entreprises allemandes et leurs partenaires locaux dans leurs opérations bancaires, par exemple l'ouverture de comptes, ou à trouver des solutions financières pour l'import et l'export de marchandises en monnaie locale.

Sur 300.000 entreprises allemandes orientées vers l'exportation, seul un millier sont présentes en Afrique, a déclaré Gerd Müller avant de s'envoler pour Accra. Le gouvernement allemand veut doubler ce nombre d'ici les deux prochaines années.

La migration au cœur du sommet de l'UA

Image : Getty Images/AFP/M. Tewelde

Et c'est surtout le débat sur la migration qui a retenu l'attention de die tageszeitung. L'Afrique représente un sixième de la population mondiale mais abrite un tiers de l'ensemble des réfugiés et déplacés. Et tandis que l'Europe redoute une immigration de masse en provenance d'Afrique, 90% des flux migratoires africains sont intra-continentaux.

L'Afrique est donc un continent de migration par excellence, l'Union africaine veut le faire comprendre. Raison pour laquelle elle a inscrit ce thème pour la première fois au programme officiel du sommet, en ouverture de "l'année des réfugiés, rapatriés et déplacés internes".

Le Maroc a été chargé l'an dernier par l'UA de rédiger la politique migratoire de l'organisation panafricaine. Dans son compte-rendu, le royaume chérifien met l'accent sur la migration comme perspective de développement. 

Les Européens doivent cesser de considérer la migration comme une menace sécuritaireImage : picture-alliance/dpa/SOS MEDITERRANEE/L. Schmid

Il faut certes toujours combattre les raisons qui poussent les gens à l'exil, comme le changement climatique, l'instabilité politique ou les violences ethniques. Mais la migration ne doit plus être considérée comme un facteur de risque que l'on ne pourrait combattre qu'en fermant les frontières - contrairement à ce que recommande l'Europe aux États africains.

La taz poursuit son plaidoyer. L'appel de l'Union africaine à considérer la migration comme un phénomène normal est également un appel à l'Europe à changer de perspective vis-à-vis de l'Afrique. Empêcher les populations de migrer, c'est leur refuser tout avenir. Il ne devrait pas être si difficile pour une Union européenne d'échanger d'égal à égal avec une Union africaine à propos des questions de migration.

Ce serait même, selon die tageszeitung, un acte de réparation historique pour les crimes de l'Europe en Afrique. Les défis communs d'une Europe vieillissante et d'une Afrique dynamique et en pleine croissance ne peuvent être relevés qu'ensemble.

 

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