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Bientôt un vaccin contre la Covid-19, oui mais...

Sandrine Blanchard | Avec agences
10 novembre 2020

Les entreprises pharmaceutiques BioNtech et Pfizer pensent pouvoir faire homologuer un vaccin contre le coronavirus "dans les prochaines semaines". Mais plusieurs problèmes se posent.

Coronavirus: Biontech Pfizer annoncent l'arrivée prochaine du vaccin anti-corona BNT162bt
Coronavirus: Biontech Pfizer annoncent l'arrivée prochaine du vaccin anti-corona BNT162btImage : Jens Krick/Flashpic/picture alliance

L’Union européenne est déjà prête à passer commande de 300 millions de doses de vaccin contre le coronavirus. Le contrat avec l’entreprise BioNTech de Mayence, en Allemagne, est prêt à être signé, annonçait-on ce matin à Bruxelles.

Il ne manque "plus" qu’à vérifier l’efficacité du sérum et qu’il soit homologué, "dans les prochaines semaines" à en croire les fabricants. 

Le patron de Pfizer, Albert Bourla, et celui de BioNTech, Ugur Sahin Image : Herbert Pfarrhofer/APA/picturedesk.com/picture-alliance

Les Etats membres de l’UE se partageraient les doses commandées par Bruxelles en fonction de leur population, a expliqué Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

L’Allemagne bénéficierait ainsi de 19% des vaccins achetés par l’Europe. Pour le ministre de la Santé, "c’est une lumière au bout du tunnel". Jens Spahn indique par ailleurs que le gouvernement comptait se procurer jusqu’à 100 millions de doses dès le premier trimestre 2021. 

Des vaccins courant 2021

Les résultats des entreprises pharmaceutiques allemande BioNTech et américaine Pfizer n’ont pas été détaillés mais ils montreraient que ce vaccin serait "efficace à 90%".
Odile Lauray, infectiologue de l’Institut Pasteur, déclare qu'"on peut espérer que très vite, on ait des vaccins pour les populations prioritaires, début ou courant 2021."

Un milliard de personnes à vacciner en Afrique... fois deux

BioNTech et Pfizer annoncent qu’elles seront en mesure de produire 50 millions de doses cette année et 1,3 milliard l’an prochain – ce qui ne suffira pas à répondre à la demande mondiale.

Rien qu’en Inde ou en Afrique, il faudrait vacciner un milliard de personnes – deux fois chacune puisque ce vaccin s’administre en deux doses espacées de trois semaines.

Le risque est de devoir établir des priorités parmi les patients : qui vacciner en premier ? D’abord les plus âgés, les plus vulnérables, le personnel médical ? Dans quels pays ?
Et qui va payer les vaccins des personnes qui ne sont pas assurées ?

Inégalités devant la pandémie

L’ONG Oxfam dénonce des inégalités qui se creusent avec la pandémie. Pauline Leclerc, de la campagne Inégalités et Justice fiscale, pointe que "dans l'année qui va venir, ce sera entre 200 millions de personnes à un demi-milliard de personnes qui vont tomber dans la pauvreté à cause de la pandémie". La raison en est "la baisse des investissements étrangers dans les pays en développement, l'économie du tourisme qui est à l'arrêt, la chute du prix des matières premières agricoles qui représentent des sources de revenus extrêmement importantes, notamment dans les pays africains". Et cela signifie "aussi les pertes d'emplois."

Problèmes de conservation du sérum

Le vaccin annoncé pose également des problèmes pratiques pour sa conservation et son acheminement. En effet, celui-ci doit être conservé à -80 degrés Celsius.
Toby Peters, professeur en économie du froid à l’Université de Birmingham, met en garde contre les difficultés concrètes auxquelles seront confrontés les hôpitaux et centres de santé : "la plupart des vaccins sont stockés entre deux et huit degrés Celsius. Nous utilisons un stockage ultra-froid pour certains produits pharmaceutiques. C'était nécessaire pour le vaccin Ebola, mais ce n'est pas courant. Le problème avec ce vaccin-là, c’est que, étant donné le volume des commandes et la vitesse de distribution des vaccins, entre deux à huit degrés Celsius et -80 degrés Celsius, aucune chaîne du froid pour les vaccins n'est prête ou capable de répondre à une telle demande massive."

Interview avec le Dr. Richard Mihigo (OMS)

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Des conditions difficiles à tenir dans les pays riches et tempérés, mais comment faire quand les défaillances du réseau électrique ne permettent même pas d’alimenter des congélateurs en continu ?

A lire aussi : Pas question de laisser la Covid circuler librement, selon l'OMS

Un malade du coronavirus sous respirateur artificiel Image : Alain Jocard/AFP/Getty Images

Bien commun ou nationalisme scientifique?

L’organisation Médecins sans frontières appelle les Etats à renoncer à ce qu’elle qualifie de "nationalisme du vaccin". MSF, comme d’autres ONG, souhaite que l’ensemble de l’humanité profite des progrès de la médecine, peu importe où les vaccins sont fabriqués. 

Elisabeth Massute, membre de MSF Allemagne, reproche notamment au ministre de la Santé de contredire les déclarations de la chancelière Angela Merkel et du président Frank-Walter Steinmeier qui avaient plaidé il y a plusieurs mois pour qu’un hypothétique vaccin soit considéré comme un "bien commun" de l’humanité.

L’OMS salue des nouvelles "encourageantes" concernant les avancées de la recherche sur un vaccin.

Au total, plus de 50,3 millions de cas de contamination au coronavirus ont été détectés sur la planète depuis décembre 2019 (d’après le décompte de l’AFP à partir de sources officielles).

Pour aller plus loin:
 

La BADEA au chevet des pays africains contre la Covid-19

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