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EconomieBénin

Le pétrole nigérien va enfin quitter les eaux du Bénin

Rodrigue Guézodjè
16 mai 2024

Les autorités béninoises ont donné leur accord qui fait suite à une demande des autorités nigériennes. Le premier chargement devrait être effectif ce jeudi (16.05.24)

Mise à feu de gaz sur une plate-forme pétrolière de Total  au Nigeria
Le Niger a inauguré en novembre un oléoduc géant qui vise à acheminer jusqu'au Bénin du pétrole brut extrait du gisement d'Agadem (image d'illustration)Image : PIUS UTOMI EKPEI/AFP

C'est le ministre béninois de l’Eau et des Mines qui en a fait l'annonce, lors d'un point de presse conjointement animé avec la délégation chinoise en charge de l’exploitation du pipeline d’export Bénin-Niger. "Nous avons donc décidé d’autoriser le chargement du premier navire qui mouille dans nos eaux", déclare-t-il. 

L’opération de chargement, qui devrait démarrer ce jeudi, va durer 36 heures. Il sera question d'une embarcation dénommée ''Front Cascade'', de 275 m de long, battant pavillon des Îles Marshall, d'une capacité de 130.000 tonnes de brut, soit 900.000 barils.

Pour le ministre Samou Séidou Adambi, le Bénin donne ainsi la preuve de sa bonne foi dans un dossier qui empoisonne les relations entre les deux voisins.

"Le Bénin n’a aucune intention de nuire ni aux intérêts de l’État du Niger ni à celui de notre partenaire commun. Toutefois, il est important de noter que cette autorisation ponctuelle et provisoire, telle que mentionnée dans la lettre de la douane nigérienne, ne saurait être érigée en règle de conduite pour l'exploitation normale du pipeline qui doit se faire dans un cadre normal de relation entre États."

Un heureux assouplissement de la mesure prise par le Bénin estiment certains observateurs qui parlent d'un bon début du dégel de la tension entre les deux pays frères.

Mais pour Francis Euloge Atadé, analyste politique et expert en Gouvernance, la mesure du blocage était le seul moyen intelligent de pression qu'avait le Président béninois à sa portée pour contraindre ses partenaires à venir à la table de négociation.

Le Pipeline qui part du sud-est du Niger est géré par une société pétrolière appartenant à l'Etat chinoisImage : Boureima Hama/AFP/Getty Images

"Cette mesure a permis à la partie nigérienne de dire les griefs qu'elle avait contre le gouvernement du Bénin. Le 2e point positif, c'est qu'il y a une délégation de la Chine qui est venue et qui a fait la médiation. Le 3e point positif de cet incident provoqué par le chef de l'État, puisqu'il a crevé l'abcès pour remettre le processus des relations diplomatiques refroidies avec le Niger sur les rails, le 3e point, disais-je, c'est qu'une délégation de la douane nigérienne est annoncée pour la supervision des opérations.."

Des discussions en vue

L'autre point important est la tenue prochaine de la réunion du comité inter-état de pilotage du projet Pipeline Export Niger-Bénin.

C'est une démarche stratégique selon l'économiste Rodrigue Rustico, qui aura l'avantage, pense-t-il, de redynamiser le partenariat économique des deux voisins. "C'est la politique qui attire l'économie. Et donc, dès lors que c'est comme ça, les deux parties vont essayer de comprendre maintenant que, après tout, nous sommes des partenaires. On ne va pas investir autant d'argent et se diviser dans cette histoire-là."

L’autorisation du chargement du pétrole d'Agadem est certes ponctuelle et provisoire, mais elle est largement saluée par les populations du Niger et du Bénin. Celles-ci attendent le dégel définitif de la crise.