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Du blé d'Ukraine en route vers l'Afrique

Philipp Sandner | Srinivas Mazumdaru
26 août 2022

Après plusieurs transports commerciaux, le Brave Commander est le premier navire humanitaire à mettre le cap sur l'Afrique. A son bord : 23.000 tonnes de céréales.

Le Brave Commander, premier navire affrété par les Nations unies s'apprête à quitter la mer Noire
Il s'agit de la première cargaison d'aide alimentaire à quitter l'Ukraine depuis les accords sur l'exportation des céréales ukrainiennes signés en juillet, entre Moscou et KievImage : Oleksander Gimanov/AFP/Getty Images

Plusieurs semaines après la fin officielle du blocus de la mer Noire, le premier navire transportant 23.000 tonnes de céréales ukrainiennes, sous l'égide de l'Onu est enfin en route pour Djibouti où il devrait arriver d'ici la fin du mois. De là, la cargaison doit être transférée dans des camions qui prendront ensuite la route de l'Éthiopie où elle devrait permettre de nourrir plus de 1,5 millions de personnes durant un mois.

Une bonne nouvelle mais Martin Frick, directeur du Programme alimentaire mondial pour l'Allemagne, l'Autriche et le Liechtenstein, préfère reste prudent sur la suite : 

"Les besoins humanitaires sont énormes, en particulier en Afrique" (M.Frick)

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"Nous usons actuellement de tous nos canaux pour tenter d'obtenir plus d'argent de la part de nos principaux bailleurs de fonds. Les besoins humanitaires sont énormes, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient. Nous n'avons pas assez d'argent, nous n'avons pas assez de nourriture, mais nous essayons d'aider en priorité ceux qui sont le plus gravement touchés en ce moment". 

Des contrats à remplir

Alors que selon le Programme alimentaire mondiale, 89 millions de personnes souffraient de la faim, en juin, en Afrique de l'Est, le Brave Commander est jusqu'ici le seul navire humanitaire à avoir mis le cap sur l'Afrique ce qui a suscité des interrogations, voire des irritations. 

Stephan von Cramon-Taubadel, agroéconomiste basé à Göttingen, y voit, lui, un effet positif indirect : avec la levée du blocus sur les céréales, les prix ont baissé - même s'ils restent élevés - ce qui permettrait aux grossistes en Afrique mais aussi à l'Onu d'acheter plus facilement du blé. Et il ajoute : 

"Actuellement, les bateaux doivent d'abord partir, quitter Odessa par exemple. Ils sont bloqués là-bas depuis le début de la guerre, avec des cargaisons qui ont été commandées depuis longtemps. Il faut d'abord réduire les embouteillages. Les navires humanitaires ne peuvent pas être placés, comme si de rien n'était, au début de la file d'attente."

Devenir moins dépendant

Jusqu'à présent, l'Ukraine représentait à elle seule 16% des importations africaines de blé.Image : Ukrinform/dpa/picture alliance

En attendant que la situation se débloque, Noncedo Vutula réfléchit, elle, à la manière de sortir de la dépendance - sur un continent qui compte d'importantes surfaces inutilisées. Chercheuse en Afrique du Sud, elle est spécialiste des questions agricoles et s'intéresse par exemple au manioc, un tubercule résistant à la chaleur qui pourrait, selon elle, remplacer en partie le blé manquant :  

"Le produit doit être rendu attrayant pour les gens. Si le manioc n'est pas transformé, les autres pays ne seront peut-être pas enclins à l'utiliser. Il est utilisé en Afrique centrale et occidentale, mais pas tellement en Afrique australe. S'il est transformé, il peut être utilisé comme substitut. Et il est 100 % nutritif."

A court terme cependant, les regards sont tournés vers Djibouti et les espoirs se concentrent sur des livraisons supplémentaires en provenance de l'Ukraine.

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