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Boko Haram vaincu en trois mois?

Philippe Pognan21 août 2015

Le bilan de la dernière attaque d'envergure du groupe islamiste Boko Haram dans un village reculé de l'Etat de Yobe, Kukuwa-Gari, dans le nord-est du Nigeria, se chiffre à 160 morts

Nigeria Armee Operation gegen Boko Haram
Image : picture-alliance/dpa

Sous le titre:“le président du Nigéria promet la victoire contre Boko Haram avant trois mois“ le quotidien de Berlin Tagesspiegel se penche sur la situation actuelle dans le pays mais fait aussi un petit retour en arrière.

"Au début de l'année, Boko Haram avait conquis et contrôlait une zone grande comme la Belgique, et l‘armée nigériane avait lancé une offensive en pleine campagne présidentielle. Soutenue par des troupes des pays voisins, du Tchad, du Niger, du Cameroun et des mercenaires d'Afrique du Sud, cette offensive semble avoir affaibli quelque peu l'organisation terroriste. Entretemps, l'armée a reconquis la ville de Gwoza, dont Boko Haram avait fait le centre de son "Califat". Au cours des dernières semaines, l‘armée a libéré des centaines de femmes et d'enfants captifs de Boko Haram dans la forêt de Sambisa. Aujourd'hui ce n'est plus avec des véhicules blindés et des chars, comme encore au début de l'année, que les miliciens de Boko Haram ou de l'Etat Islamique en Afrique de l'Ouest,-comme il se nomme depuis peu- attaquent les villages du nord- est du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun. Ces dernières semaines, c'est sur des motos, à dos de cheval ou même à vélo que les terroristes ont procédé à leurs attaques !

Toutefois on ne peut pas dire que Boko Haram soit déjà quasiment vaincu! Depuis l'entrée en fonctions du président Muhammadu Buhari en mai, les terroristes ont fait plus de 1000 victimes. Depuis Mai 2011, plus de 30.000 personnes ont été tuées, 1,4 million de gens sont en fuite dans le nord-est du pays et ne peuvent rentrer dans leurs foyers. 200.000 autres se sont réfugiés dans les pays voisins. Boko Haram a détruit les routes, les ponts et les antennes de téléphonie mobile. Le Nord Est du Nigeria est complètement isolé, résume leTagesspiegel. Le journal se demande s'il est réaliste de demander à vaincre le groupe armé en l'espace de trois mois".

Le président Muhammadu Buhari veut voir Boko Haram vaincu en l'espace de trois moisImage : picture-alliance/AP Photo/C. Owen
Des femmes et des enfants qui avaient été enlevés par Boko Haram libérés par l'armée au début du moisImage : picture-alliance/AP Photo/J. Ola

Autre thème: le Soudan du Sud

La guerre civile dans ce plus jeune Etat d'Afrique semble impossible à résoudre de manière pacifique, alors qu'elle a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et fait deux millions de déplacés.

"L'espoir de paix au Soudan du Sud s'est volatilisé", relève le quotidien suisse allemand Neue Zürcher Zeitung. "Mardi dernier le président Salva Kiir a encore une fois qualifié le dernier projet d'accord avec son rival, l'ex vice-président Riek Machar de nul et non avenu. Un accord de paix aurait été étonnant. La guerre dure déjà depuis vingt mois, et on négocie depuis presque le même laps de temps! Lors de leurs négociations dans un hôtel de luxe d'Addis Abeba, les deux frères ennemis n'ont jamais rien produit d'autre que des paroles creuses. A chaque fois les accords de paix ont été rompus dans les 24 heures suivantes!

Le leader rebelle Riek Machar se voit confronté à une dissidence au sein de son mouvementImage : Reuters/T. Negeri

Le journal rappelle que Salva Kiir , 64 ans, n'a jamais rien connu d'autre que la violence. Adolescent, il avait rejoint la rébellion de la SPLA, dont il a pris le commandement en 2005. Arrivé au pouvoir, celui qui se présentait comme un réformateur, s'est révélé un combattant invétéré. L'éditorialiste le compare à deux autres autocrates africains, Afeworki en Erythrée et Mugabe au Zimbabwe. Porteurs d'espoirs au début, ils ont eux aussi entraîné leur pays dans l'abîme. Les combattants pour l'indépendance d'un pays sont souvent de piètres chefs d'État, conclut l'éditorialiste qui estime par ailleurs que Riek Machar ne vaut guère mieux que Salva Kiir ! Et vu que des éléments de la rébellion contre Kiir entrent en dissidence contre Riek Machar, un accord de paix au Soudan du Sud n'est sans doute pas pour demain ! " conclut le quotidien.

Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir a récemment menacé de "tuer" les journalistes "travaillant contre le pays". Mercredi le reporter Peter Moi a été assassiné dans des circonstances non encore élucidées.Image : picture-alliance/dpa/P. Dhil
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