Bruxelles veut doubler la réinstallation de réfugiés
8 janvier 2018La Commission européenne met en place un plan de 500 millions d'euros afin de réinstaller 50.000 réfugiés depuis des camps installés en Afrique du Nord ou en Afrique subsaharienne.
Ce plan fait suite à un précédent qui a permis d'accueillir plus de 25.000 réfugiés de 2015 à 2017. Mais si le programme précédent concernait surtout des demandeurs d'asile venus de Syrie ou de Turquie, le nouveau plan sera ciblé sur les pays africains.
Selon les chiffres publiés par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), de 2015 à 2017, les quatre premiers pays à avoir bénéficié de ce programme de réinstallation sont la République démocratique du Congo, la Somalie, l'Erythrée et le Soudan.
Bruxelles réaffirme ainsi la priorité donnée au continent africain dans la question des réfugiés.
Le programme va viser, en coopération avec le HCR, à organiser le transfert de réfugiés enregistrés dans des camps installés en Egypte, au Niger, au Tchad mais aussi au Soudan et en Ethiopie.
Le cas de la Libye étant plus particulier, puisqu'il y a urgence à évacuer les milliers de migrants encore enfermés dans ce pays, souvent dans des conditions abominables.
Ceux-ci ont commencé à être transférés dans des camps de réfugiés situés en Afrique du Nord, avant de pouvoir être acheminés en Europe.
Rapatriement de 15.000 réfugiés depuis la Libye
"C'est bien le but", explique Tove Ernst, porte-parole de la Commission européenne. "Si ces réfugiés ont été évacués, alors ils pourront ensuite être réinstallés en Europe s'ils remplissent les critères des demandeurs d'asile."
Bruxelles soutient le HCR dans la mise en place d'un mécanisme d'évacuation d'urgence en Libye. Le 22 décembre dernier, le HCR a annoncé l’évacuation de 162 réfugiés "très vulnérables" depuis la Libye vers l’Italie, y compris "des enfants non accompagnés et des femmes qui avaient été retenus en captivité pendant de longues périodes."
Au total, ce sont 389 réfugiés qui ont pu être évacués de la Libye, toujours selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés.
La Commission européenne s'est fixée pour objectif d'aider, en coopération avec l'Organisation internationale des migrations (OIM), au rapatriement de 15.000 réfugiés supplémentaires encore en Libye.
Un millier d'entre eux pourront être réinstallés en Europe grâce au mécanisme d'évacuation d'urgence mise en place par le HCR.
10.000 euros par réfugié
A terme, Bruxelles prévoit la mise en place d'une procédure de réinstallation pérenne sur la base d'une "procédure unifiée" et de "critères communs", celle-ci devant remplacer le système ad hoc actuellement en place.
Le transfert de ces milliers de réfugiés et leur accueil par des pays européens se fera sur la base du volontariat. Bruxelles a d'ores et déjà prévu un chèque de 10.000 euros par réfugié accueilli afin de "convaincre" les Etats membres d'ouvrir leurs frontières.
A ce jour, selon les chiffres publiés par la Commission européenne, 19 pays auraient accepté d'accueillir 39.758 personnes. L'objectif étant que la moitié des 50.000 réfugiés soit effectivement réinstallée d'ici le mois d'octobre, le reste d'ici la clôture du programme en mai 2019.
Mais comme souvent en matière de politique européenne, il y a de grandes différences entre les promesses et les actes.
Bruxelles vient en effet de clore un autre programme de réinstallation ayant couvert la période 2015-2017. Celui-ci, décidé en juillet 2015, a été couplé à l'accord conclu le 18 mars 2016 entre l'Union européenne et la Turquie.
En additionnant ces deux plans, 25.980 personnes ont ainsi pu être réinstallées directement en Europe. Mais les différences observées entre les promesses d'accueil et les réinstallations effectivement réalisées laissent apparaître une profonde division entre l'Est et l'Ouest du continent.
En effet, si les pays d'Europe occidentale comme l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou la Belgique ont rempli largement leurs promesses en accueillant le plus grand nombre de réfugiés réinstallés, les pays d'Europe centrale et orientale sont à la traîne.
La Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie n'ont accueilli aucun réfugié.
Le cas particulier de la Grèce (zéro réinstallation) s'expliquant par le fait que ce pays accueille déjà des milliers de migrants arrivés depuis la Turquie avant l'accord de mars 2016.
Il faut préciser que les chiffres publiés par la Commission européenne prennent aussi en compte quatre pays non membres de l'Union européenne, mais qui ont accepté de se joindre au programme de réinstallation : l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.