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Le suspense toujours à son comble en Allemagne

27 septembre 2021

Au lendemain des législatives allemandes, le FDP et les Verts ont entamé des discussions pour voir s'ils peuvent faire alliance. Avec le SPD ou la CDU/CSU.

Annalena Baerbock (écologiste) et Christian Lindner (FDP), les véritables vainqueurs du scrutin?
Annalena Baerbock (écologiste) et Christian Lindner (FDP), les véritables vainqueurs du scrutin?

Les Allemands ont voté hier pour renouveler le Bundestag. Mais les résultats sont tellement serrés qu'on ne pouvait pas dire hier soir quel parti ou plutôt quelle alliance de partis remportera la majorité au Parlement et pourra donc décider du futur chancelier et de la composition du futur gouvernement. Vingt-quatre heures plus tard, on n'y voit pas beaucoup plus clair... quoique.

Les partis politiques allemands sont associés à des couleursImage : Dwi Anoraganingrum/Geisler-Fotopress/picture alliance

Le SPD en tête, mais la CDU espère

"Es bleibt spannend", voilà une phrase qu'on a beaucoup entendue aujourd'hui en Allemagne et qui signifie que le suspense reste entier.

En effet, le SPD et Olaf Scholz sont bien arrivés légèrement en tête des élections, avec 25,7% des voix. Olaf Scholz, vice-chancelier et ministre des Finances du gouvernement sortant, est un homme expérimenté, politiquement modéré. Et il se voit déjà chancelier.

Les conservateurs de la CDU/CSU, emmenés par Armin Laschet, n'obtiennent que 24,1%.

>>> Lire aussi : Opinion : les Allemands renforcent les petits partis

Seulement voilà, avec un quart des voix chacun, même ces deux grands partis ne sont pas assez forts pour gouverner seuls. Et donc, les pourparlers ont commencé entre les formations politiques pour tenter de négocier un contrat de coalition.

Cette infographie permet de voir qui peut s'allier avec qui pour obtenir une maajorité au Bundestag :

Une alliance à trois est nécessaire pour pouvoir gouverner

Cela ne simplifie pas les négociations, même si ce type de trios existent déjà au sein de l'exécutif au niveau régional, celui des Länder.

Alors qui peut négocier avec qui ? Evidemment, le SPD se voit pousser des ailes, étant arrivé premier aux élections. Dès la campagne, Olaf Scholz avait signifié sa disponibilité à faire alliance avec les Verts. Mais le score des écologistes (14,8%) ne permet pas de construire une majorité avec eux seulement.

>>> Lire aussi : Allemagne : les négociations de coalition ont déjà débuté

Le troisième allié aurait pu être le parti de gauche, Die Linke, mais son score est bien trop faible (d'ailleurs ils ne devraient pas entrer au Bundestag car ils auraient fait moins de 5%). A l'opposé de l'échiquier politique, l'AfD atteint 10,3%. Elle perd quelques points mais surtout, aucun autre parti n'est prêt à s'allier avec ce parti d'extrême-droite.

Plus vraisemblable serait donc une alliance du SPD et des Verts avec les libéraux du FDP qui, bien que n'ayant obtenu que 11,5% des voix, se posent en faiseurs de roi.

La coalition "feu rouge" (Ampelkoalition): SPD, FDP et Verts est une possibilitéImage : Gero Breloer/dpa/picture-alliance

Une coalition rouge-vert-jaune : SPD, Verts et FDP ?

Ce n'est pas encore fait, loin de là. Les programmes politiques des écologistes et des libéraux sont assez éloignés, idéologiquement parlant. Là où le FDP fait confiance au libre-échange et au marché pour s'auto-réguler, les Verts de Bündnis 90/Die Grünen, eux, prônent un encadrement plus strict des entreprises et des hausses d'impôts pour financer à la fois la politique sociale et la transition énergétique. Sauf que le FDP a fait des hausses d'impôts une ligne rouge dans les négociations, il l'a répété dès hier soir.

>>> Lire aussi : Bundestag 2021: les nombreuses (!) coalitions possibles après les élections en Allemagne

C'est sans doute pourquoi les dirigeants du parti libéral ont décidé de commencer par ouvrir des pourparlers avec les écologistes pour voir si une alliance à deux est possible. L'idée est de trouver, malgré les divergences, un terrain d'entente pour former un bloc auquel soit la CDU/CSU soit le SPD pourrait ensuite se rallier. Une hypothèse qui permettrait aux deux "plus petits", le FDP et les Verts donc, de poser davantage de conditions au troisième, "grand" partenaire qui aura besoin de leur soutien.

Le FDP fait valoir que son point commun avec les écologistes, c'est d'être issu de l'opposition et d'avoir plus d'intérêt à un changement que la CDU/CSU et le SPD favorables au statu quo.

Des affiches électorales des écologistes (en haut) et du FDP durant la campagne 2021Image : Karina Hessland/imago images

A deux, les "petits partis" seraient plus forts

On peut imaginer que le FDP et les Verts, s'ils parviennent à s'allier, tentent de "monnayer" leur soutien en négociant d'obtenir la chancellerie. Tout est possible.

Dans ce cas, ni Olaf Scholz ni Armin Laschet ne pourrait devenir chef du futur gouvernement. Bref, ces résultats sont bien étranges car ils consacrent finalement davantage la victoire des Verts et du FDP, arrivés respectivement 3e et 4e, que celle des deux premiers partis. Le système électoral et le jeu des alliances en Allemagne a en effet rendu ces deux formations indispensables pour constituer un gouvernement stable.