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La stratégie des enlèvements au Burkina Faso

Charles Bako
16 janvier 2023

Cinquante femmes ont été enlevées par des hommes armés dans un village burkinabè. L'Onu exige leur libération.

Burkina Faso |  Une femme dnas un camp de déplacés (archive de 2019)
Les civils, et notamment les femmes, sont de plus en plus pris pour cibles par les groupes armésImage : Giles Clarke/UNOCHA

Encore des cas d'enlèvement au Burkina Faso. Cinquante femmes ont été enlevées par des hommes armés dans le village de Liki, à une quinzaine de kilomètres d'Arbinda, dans le Nord, entre jeudi et vendredi dernier (12 et 13 janvier).

Des hommes armés les ont enlevées alors qu'elles étaient à la recherche de fruits. Ces enlèvements ont été confirmés aujourd'hui (lundi) par le gouverneur de la région du Sahel, le lieutenant-colonel Rodolphe Sorgho. Des recherches ont été entamées pour les retrouver. Les Nations unies réclament leur libération immédiate et sans conditions.

Cette attaque n'est pas une première. Les terroristes s'en prennent de plus en plus souvent aux femmes.

Cela ressemble a une véritable stratégie : semer la terreur dans la population, alors que les terroristes attaquent moins l'armée.

Des civils ciblés délibérément

Les soldats semblent effectivement moins pris pour cibles par les terroristes. L'armée a même repris des villes à ces hommes en armes. Il semble donc que les groupes terroristes s'en prennent davantage aux civils, notamment aux femmes.

C'est ce qu'explique Lassané sawadogo, coordonnateur du Front de défense pour la patrie.

"En ce qui concerne l'enlèvement des 50 femmes à Arbinda, cela prouve que les terroristes ont changé leur tactique de combat sur le terrain. Donc, il va falloir que les autorités actuelles maximisent au niveau des VDP. Cela montre  que l'effectif des FDS n'est pas assez sur le terrain. Pour la veille citoyenne comme le président l'avait dit, il va falloir que  dans chaque commune que les VDP puissent travailler comme il se doit. Il faut que ça s'arrête et qu'on arrive à anticiper pour que ça ne se répète plus".

 

Infographie sur la hausse du nombre de victimes civiles depuis le putsch au Burkina Faso

Recherches en cours

Le gouverneur de la région assure que tout est mis en œuvre pour retrouver ces femmes. Les forces de défense et de sécurité effectuent des ratissages sur place.

Il faut agir rapidement insiste le secrétaire général du Collectif contre l'impunité et la stigmatisation, Daouda Diallo. Il avait lui échappé à une tentative d'enlèvement le 8 janvier dans la capitale burkinabè.

"Ces femmes se sont vues enlevés brutalement et avec violence, explique Daouda Diallo. Jusqu'à présent aucune nouvelle, ce qui est extrêmement préoccupants aujourd'hui pour toute les organisations de la société civile. Cette situation intervient à un moment où Arbinda est encerclé depuis 2020. Aujourd'hui, y'a une urgence que les autorités interviennent pour retrouver ces femmes."

Ces femmes pourraient notamment être utilisées comme esclaves sexuelles par les terroristes. C'est ce que craint Daouda Diallo.

"Depuis un certain temps, il y a une croissance de violences basées sur le genre, c'est-à-dire des agressions sexuelles que subissent les femmes régulièrement de la part des groupes armées non étatiques. Ça démontre aujourd'hui que c'est une nouvelle manifestation de la crise à prendre en compte", résume le défenseur des droits humains.

A Arbinda on espère évidemment que les femmes seront bientôt libérées. C'est dans cette même commune que 35 civils avaient été tués déjà en 2019 lors d'une attaque terroriste. A l'époque déjà, les victimes étaient des femmes en majorité.

Charles Bako Correspondant au Burkina Faso pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais