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Au Burkina Faso, la grogne dans les casernes

19 juin 2024

D’après diverses sources, la contestation monte dans les casernes contre la junte au pouvoir. Des soldats russes seraient arrivés à Ouagadougou.

Des soldats burkinabè à Kaya.
Le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis un coup d'Etat en octobre 2022, est apparu à deux reprises : vendredi dans un reportage de la TV publique pour un don de sang et dimanche pour la prière de l'Aïd, sans prendre la parole. Image : AFP

Même si l'armée burkinabè avait qualifié ce mardi 18 juin, d'infondées et mensongères, les informations faisant état de mouvements d'humeur et de mutineries dans certaines casernes militaires, ce mercredi, des sources concordantes indiquent le contraire.

D’après ces sources relayées aussi par Le Monde Afrique, la grogne des soldats s’amplifierait contre le capitaine président, Ibrahim Traoré, et des tentatives de médiation seraient au point mort.

Ce mercredi matin, le chef de la junte se serait retiré dans un endroit tenu secret. Les médiateurs essayent toujours de leur côté de relancer les négociations, selon toujours les mêmes sources. Des informations pas encore officiellement confirmées, mais certains estiment toutefois que la tension au sein de l'armée est palpable. 

La dernière attaque d’une base de l’armée, le 11 juin dans la localité de Mansila, dans le nord-est du pays, et le peu d’empathie du président à l’endroit des victimes et de l’armée seraient des éléments déclencheurs, a confié un responsable politique à Ouagadougou qui a voulu garder l’anonymat.

"Il y a une grogne dans l'armée depuis quelque temps : les militaires suivent le chef tant qu'ils gagnent. Quand le chef perd, les militaires commencent à contester sa stratégie. Mansila a vraiment révolté beaucoup de soldats. Et si vous voulez, aujourd'hui au Burkina Faso, il y a une fracture principale qui s'est instaurée entre les combattants qui sont au front et les militaires qui font de la politique et des affaires à Ouagadougou, a expliqué Maixent Somé, politologue burkinabè et spécialiste des questions sécuritaires, qui est aussi du même avis".

Le 11 juin, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda) a attaqué la localité de Mansila, ainsi que le détachement militaire qui s'y trouve près de la frontière du Niger.

Les autorités affirment régulièrement obtenir des victoires sur les jihadistes, mais les attaques se poursuivent et une partie du territoire reste hors de contrôle de l'arméeImage : Kilaye Bationo/AP/picture alliance

Des signes avant-coureurs 

En effet, au lendemain de l'attaque de Mansila, un obus était tombé dans la cour de la télévision publique, située près de la présidence, à Ouagadougou. Un "incident de tir", selon la télévision d'Etat.

Il y a des signes qui ne trompent pas, nous a confié un fin connaisseur du Burkina Faso. Celui-ci est revenu sur les rotations d'avions transportant des soldats russes qui sont arrivés dans le pays et il estime que ceci s’explique par la tension actuelle.

Mais pour Maixent Somé, les Russes sont au Burkina Faso depuis déjà longtemps :

"Il y avait déjà une base russe d'Africa Corps à Loumbila, à Ouagadougou. Ils sont à peu près trois cent, ils sont présents à la présidence du Faso, aussi auprès du président Traoré. C’est possible que l’Iliouchine-II 76, qui fait des rotations depuis quelques jours entre le Soudan, le Mali et le Burkina Faso, ait amené des renforts en hommes. Mais je ne pense pas que pour amener quelques dizaines de combattants, il soit besoin de faire toutes ces rotations que nous les voyons faire avec les outils de tracking aéroportuaire. Je pense qu'ils amènent surtout du matériel".

Aujourd’hui, le Conseil hebdomadaire des ministres ne s’est pas tenu. Pour l’instant, pas de communiqué sur les raisons de ce report.

(Article actualisé ce 20.06.2024).