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Psychose latente à Ouagadougou après les attaques de Bamako

20 septembre 2024

Bien que la capitale burkinabè ait été, ces dernières années, relativement épargnée par les violences, la menace est désormais palpable à Ouagadougou.

Motocyclistes devant le Monument aux Héros Nationaux de Ouagadougou (07.02.2017)
Face à la violente répression à l'oeuvre depuis l'arrivée du capitaine Traoré, les critiques publiques restent raresImage : imago/ZUMA Press

Au Burkina Faso, où les populations vivent déjà sous la pression constante des attaques djihadistes, de nombreux habitants de Ouagadougou craignent que la capitale ne devienne une prochaine cible après Bamako.

Certains citoyens, joints par la DW, ont préféré rester silencieux, un signe révélateur de la peur qui envahit les esprits.

Les habitants pris en étau

Pris en étau entre la menace des groupes terroristes et la répression des autorités militaires, les habitants de la capitale vivent dans une atmosphère tendue.

"On s’attend à tout, mais on ne sait ni quand ni où ça frappera", témoigne une enseignante de la capitale, faisant allusion à une possible attaque semblable à celle de Bamako à Ouagadougou. 

Cette crainte est partagée par beaucoup, même si certains, comme Nebie Boukari, acteur de la société civile, relativisent : "Une attaque terroriste est toujours imprévisible. Cela suscite des émotions, et c'est justement ce que cherchent les terroristes. Mais en réalité, aucun pays ni aucune ville n'est à l’abri de ces attaques."

La dernière attaque à Ouagadougou remonte au 13 août 2017, lorsque deux djihadistes armés avaient attaqué un restaurant fréquenté par des Occidentaux, tuant une vingtaine de personnes.

L'attaque terroriste menée par le JNIM le 24 août 2024 à Barsalogho, dans la région Centre-Nord du pays, est la plus sanglante que le Burkina Faso, confronté aux violences jihadistes depuis près de dix ans, a connu dans son histoireImage : imago images/Joerg Boethling

La terreur des djihadistes

Dans ce climat d’insécurité, Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport alarmant sur les exactions subies par les populations civiles sous le joug des groupes armés terroristes. 

Carine Kaneza Nantulya, chercheuse sur le Sahel pour HRW, explique que ces violences incluent des exécutions sommaires, des violences sexuelles, des enlèvements et des pillages.

"Ce que nos recherches révèlent, c'est que de nombreux témoins estiment que ces attaques sont des représailles des groupes islamistes contre des communautés locales, accusées de collaborer avec les forces de sécurité gouvernementales et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP)", explique-t-elle.

D’après l’Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), plus de 26.000 personnes ont été tuées au Burkina Faso depuis 2016, dont environ 15.500 après le coup d’Etat militaire de septembre 2022. 

Depuis janvier, plus de 6.000 décès ont été recensés. Selon les données d'Acled, les groupes armés islamistes ont tué 1.004 civils en 259 attaques entre janvier et août de cette année, un chiffre légèrement en baisse par rapport aux 1.185 civils tués dans 413 attaques l’année précédente, durant la même période.

Ces chiffres mettent à mal la rhétorique de la junte au pouvoir au Burkina Faso, qui affirme que ses nouvelles alliances internationales, essentiellement avec la Russie, contribuent à inverser la tendance face à la menace terroriste.

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