1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
Liberté de la presseBurkina Faso

La presse n'a plus bonne presse au Burkina Faso

Richard Tiéné
27 février 2023

Les journalistes au Burkina Faso ont du mal à exercer leur profession, dans un contexte de transition politique militaire marquée notamment par la recrudescence des attaques de groupes armés.

Burkina Faso | un homme brandit le drapeau burkinabè dans une rue de Ouagadougou pour célébrer le putsch du 30 septembre 2022
Au moment du putsch de septembre 2022, une partie de la population était euphoriqueImage : Olympia de Maismont/AFP

Suspension de Radio France Internationale au Burkina Faso, auditions de journalistes locaux et internationaux, mise en garde à travers des communiqués, menaces diverses : depuis les deux putschs militaires du colonel Paul-Henri Damiba et du capitaine Ibrahim Traoré, les journalistes burkinabè ont du mal à exercer leur profession, sur fond de transition militaire et de recrudescence des attaques de groupes armés

Pressions et menaces

Des pressions de divers ordres rendent de plus en plus complexe le traitement de l'information au Burkina Faso. Le président de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP), Inoussa Ouédraogo estime que la "pression [provient] aussi bien de la rue, des nouveaux acteurs qui veulent nous imposer une sorte de pensée unique et qui vont jusqu'à accuser les journalistes et leurs organisations professionnelles d'être des terroristes. Il y a aussi les autorités qui de plus en plus durcissent le ton, aussi bien vis-à-vis des journalistes au niveau local que des médias internationaux."

Les correspondants de médias étrangers aussi subissent des menacesImage : Michele Cattani/AFP via Getty Images

Lamine Traoré est journaliste à Radio Oméga et correspondant de la Voix de l'Amérique à Ouagadougou. Il subit lui aussi cette pression morale et la menace de certains auditeurs.

"J'ai reçu des menaces, confie-t-il. D'autres journalistes et médias sont pris pour cibles, soupçonnés de faire le jeu de l'ennemi. On ne nous dit pas clairement ce que signifie : faire le jeu de l'ennemi. Récemment, le Premier ministre a demandé à recadrer les plateaux télé, les analyses qui s'y font. C'est difficile." 

Quelle régulation ? 

Le président du Conseil supérieur de la communication, l'instance en charge de la régulation, affirme jouer sa partition pour que les journalistes exercent leur profession dans de meilleures conditions. Aziz Bamogo déclare "porter un plaidoyer auprès des autorités. Nous avons besoin de faire la guerre pour sécuriser notre territoire mais également nous avons besoin de donner un certain nombre d'informations au public. Nous expliquons cela aussi aux journalistes, aux médias que nous sommes, dans un contexte de crise sécuritaire et de tensions sociales. Dans un tel contexte, les acteurs en situation, surtout ceux qui ont la responsabilité de la gouvernance, ont tendance à ne pas donner trop d'informations parce que certaines informations peuvent être de nature stratégique."

Des réflexions sont en cours dans la perspective de permettre aux journalistes de traiter en toute indépendance l'actualité et aux autorités de la transition d'envisager un meilleur accès aux sources pour les médias, sans pour autant compromettre les opérations militaires sur le théâtre des opérations.