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Palais du roi des Mossis : ouverture du procès à Ouagadougou

Charles Bako
22 juin 2023

Lookman Sawadogo du journal Afrik Soir et Alain Traoré de Radio Oméga ont été présentés devant un juge burkinabè. Avec eux: huit leaders de la société civile poursuivis pour association de malfaiteurs.

Burkina Faso : Une femme de dos regarde une fresque murale d'art naïf à Ouagadougou, sur laquelle on voit deux soldats armés protéger des civils heureux dans un village traditionnel (illustration)
De nombreuses charges pèsent sur les personnes inculpéesImage : AP/picture alliance

Au Burkina Faso, deux journalistes- Lookman Sawadogo du journal Afrik Soir, Alain Traoré de Radio Oméga - et huit leaders d’organisations de la société civile ont été présentés hier devant le juge au Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Ils sont accusés dans l’affaire dite de l’appel à incendier le palais royal du Roi des Mossis et poursuivis des faits d’association de malfaiteurs, de divulgation de fausses informations, d’incitation à un attroupement armé ou non armé, d’incitation à la dégradation de biens et la mise en danger de la vie d’autrui.

"Archifaux!"

Le journaliste Lookman Sawadogo du journal Afrik Soir et Alain Traoré de Radio Oméga n’ont pas été entendus hier au cours du  procès. Le tribunal a d’abord commencé par les leaders d'organisations de la société civile au nombre de huit : Marcel Tankoano du mouvement M21, Pascal Zaida ancien député de la transition sous le MPSR 1 et président du cadre d’expression démocratique, Désiré Guinko  ancien conseiller à la Présidence du Faso, Boukary Conombo, Abdoul Karim Baguian dit Lota et Boukary Tapsoba. 



Marcel Tankoano a été le premier à comparaître devant le juge. Ils sont tous poursuivis pour des faits  entre autres, d’association de malfaiteurs, de divulgations de fausses informations et de mise en danger de la vie d’autrui. À la barre, Marcel Tankoano qui serait le cerveau de cette affaire s’est défendu en  rejetant par "Archifaux"  les accusations à lui attribuées. Pour lui, les prévenus dans cette affaire sont victimes d’un complot politique.

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Audios suspects

Dr Arouna Louré, porte-parole du collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion victimes de menaces, dénonce l’exagération dans la détention des accusés en prison. "C’est une évidence, affirme-t-il au micro de la DW, qu’on tente de les museler d’une manière ou d’une autre. Parce que dire que ces personne ont été informées et qu’ils n’ont pas dénoncés et les mettre en prison sans possibilités de liberté conditionnelle, nous pensons que c’est une exagération dans la procédure."
 
Si Désiré Guinko porte-parole du Front Uni pour le Faso a révélé que Marcel Tankoano a reçu des pressions pour qu’ils reconnaissent les audios qui l’accablent, ce n’est pas le cas du  témoin principal  Zakaria Tagnant, qui confirme avoir été  appelé par Marcel Tankoano pour produire des enregistrements dans lesquels on entend d'abord des appels au rassemblement pour brûler le palais royal du roi des Mossis puis à semer la confusion générale.

Qui est donc l’origine de ces audios qui ont circulé sur les réseaux sociaux ? La question reste pour l’heure sans réponse. Mais selon les membres actifs du Front Uni pour le Faso,  c’est Marcel Tankoano qui aurait produit des messages sonores appelant à saccager le palais royal.

Les prévenus rejettent les accusations qui pèsent sur euxImage : dpa

Adama Kagoné, avocat de la défense, observe dans les déclarations du témoin principal Zakaria Tagnant une contradiction des déclarations du témoin principal :

"Nous avons vu que pour la déposition des témoins, il y a des contradictions que nous entendons fixer. La déposition du témoin Tagnant au niveau de sa déposition des investigations criminelles a fait deux déclarations et aujourd’hui aussi, à la barre, il a tenu une première déclaration et le Parquet s’est rassuré de fixer cette déclaration mais plus tard sa déclaration a évolué. Il y a deux choses différentes puisque lui-même dit ne pas être sûr que les autres aient été au courant du contenu des deux déclarations et par la suite, il déclare supposer que ces personnes étaient au courant."

Liste de personnes à abattre

Marcel Tankoano a déclaré dans la journée d’hier [21.06.23] que Zakaria Tagnan, le principal témoin, aurait été reçu par le patron des renseignements Burkinabé avant leur arrestation et qu’il avait reçu une liste de personnes qui devaient être assassinées par des pro-russes.

Les dix prévenus auraient agi au nom du Front Uni pour le Faso, afin de renverser le pouvoir de la transition à travers ces audios de mobilisation. Le procès se poursuit aujourd’hui à partir de 8 heures, heure locale et la prochaine étape du procès sera la présentation des preuves.