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La "nécessaire réconciliation nationale" au Burkina Faso

26 janvier 2022

Interview avec le Burkinabè Anicet Adaloué Liliou qui prône la réconcialiation pour permettre au Burkina Faso d'aller de l'avant.

"Tant qu'on n'aura pas une feuille de route claire, ce sera compliqué" (Anicet Adaloué Liliou)
"Tant qu'on n'aura pas une feuille de route claire, ce sera compliqué" (Anicet Adaloué Liliou)Image : OLYMPIA DE MAISMONT/AFP/Getty Images

C'est ce qu'on appelle une coïncidence, ou un hasard du calendrier : le Burkinabè Anicet Adaloué Liliou a publié vendredi dernier [21.01.2022] une tribune, co-signée par un prêtre jésuite de la diaspora, Barwendé Médard Sané, pour convaincre leurs concitoyens et concitoyennes du Burkina Faso de la "nécessaire réconciliation nationale".

Le coup d'Etat militaire a eu lieu au lendemain de la parution de cet article sur le site d'information lefaso.net.

>>> Lire aussi : Une manifestation pour soutenir les putschistes au Burkina

Evidemment, les deux auteurs ne pouvaient pas prévoir ce qui arriverait mais Anicet Adaloué Liliou, qui est consultant-formateur en gestion des conflits et doctorant en droit à l'Université de Grenoble-Alpes, en France, explique qu'ils avaient senti une urgence à tenir compte des aspirations de la population burkinabè pour ramener la paix.

Ecoutez ci-contre l'interview d'Anicet Adaloué Liliou, au micro de Sandrine Blanchard.

'La réconciliation requiert la paix' (Anicet Adaloué Liliou)

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Anicet Adaloué Liliou : La réconciliation concerne tous les Burkinabè. Depuis l'indépendance, il y a des crimes qui n'ont pas été jugés, il y a des situations qui n'ont pas été éclaircies, mais je pense que les Burkinabè, aujourd'hui, ont besoin de transcender ces situations de conflits et de pouvoir travailler ensemble.

DW: Dans votre article, vous dites, je vous cite, qu'une "vraie réconciliation est fondée sur le respect de la sacralité des institutions républicaines" qui pourraient être, selon vous, "la solution aux problèmes actuels". Maintenant, il y a eu un putsch. Donc : que penser de l'Etat de droit et surtout des institutions républicaines?

La population attend un changement. Le changement est là et nous espérons que ceux qui sont à la tête de l'Etat vont faire en sorte que le pays puisse retrouver la paix.

Or le Burkina Faso vit depuis 2016 une situation avec des attaques terroristes. On a à peu près 1,6 millions de déplacés internes, avec à la clé plus de 3.000 écoles fermées.

Donc le rétablissement de la paix va rester la clé de la poursuite de la démocratie et de l'Etat de droit au Burkina Faso.

>>> Lire aussi : Les Burkinabè partagés entre méfiance et indifférence après le coup d'Etat

Une femme dans le camp de déplacés de Barsalogho Image : Giles Clarke/UNOCHA

DW: Vous parliez de lutte contre l'impunité. Il y a un volet justice, mais concrètement, au quotidien, que faire dans les localités pour que la réconciliation ait lieu, pour que les gens se comprennent, veuillent vivre ensemble dans la paix ?

Le plus important, c'est de reconquérir l'intégrité territoriale du Burkina Faso pour que les populations déplacées internes puissent regagner leur village.

Et ensuite, les Burkinabè doivent être capables de pouvoir s'asseoir ensemble, discuter entre eux pour tracer l'avenir de ce pays. Parce que nous le savons, à partir du moment où il n'y a pas de feuille de route claire, ça va être extrêmement compliqué.

Donc, il faut que les communautés puissent se parler, ce qui permettra au pay véritablement d'être dans la stabilité et de continuer à travailler pour le développement.