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Le Burkina Faso mise sur le nucléaire russe avec Rosatom

8 août 2024

L'entreprise nucléaire russe Rosatom prévoit de construire une centrale au Burkina Faso, mais cela va prendre du temps.

Logo de l'entreprise Rosatom
Rosatom, entreprise publique russe spécialiste du nucléaire, multiplie les contrats avec des Etats africainsImage : Stanislav Krasilnikov/TASS/dpa/picture alliance

Cette semaine, une délégation de l’entreprise russe Rosatom, spécialisée dans l’énergie nucléaire, est en visite au Burkina Faso. Les experts russes sont venus discuter de la mise en œuvre d’un projet de construction de centrale nucléaire.

Pour l’heure, sur le continent africain, seule l’Afrique du Sud dispose d’une centrale réellement en état de marche.

Ce projet russo-burkinabé a été convenu en octobre dernier, à Moscou, entre les deux pays, et précisé par la signature de deux mémorandums en juin. Mais, cela risque de prendre du temps avant que le Burkina Faso dispose d'une centrale nucléaire opérationnelle... et sûre.

Doubler la production d'ici 2030

Le Burkina Faso veut miser dans un premier temps sur de petits réacteurs modulaires afin de doubler sa production électrique à l’horizon 2030, dans un pays où, en 2020, la BAD constatait que seul un peu plus d’un Burkinabè sur cinq avait accès à l’électricité.

Une utilisation pacifique, à des fins civiles, de l’énergie nucléaire : pour l’électrification des foyers, l’agriculture, la recherche, la médecine notamment. 

Yacouba Zabré Gouba, le ministre burkinabè de l’Energie, des Mines et des Carrières, a déclaré "fonder beaucoup d'espoir" sur ce projet : "Les techniciens de la société nationale Rosatom vont échanger sur des aspects beaucoup plus techniques permettant de jeter tous les préalables nécessaires permettant de mettre en œuvre, de démarrer la construction de cette centrale", a-t-il annoncé devant la presse, mardi [06.08.24].

Des contours encore flous

Certes, ni le lieu d’installation de la centrale, ni la durée ni même le coût des travaux n’ont encore été déterminés mais le projet prend forme, à en croire Alexander Renev, ingénieur en chef de Rosatom, dont les propos ont été traduits dans le journal de la RTB, mardi soir : "Nous sommes contents de travailler avec le Burkina Faso. Nous allons tout faire pour exécuter le plus rapidement possible les travaux d’installation de la centrale nucléaire. On parlera plus du lieu d’installation, en tenant compte de la sécurité."

Outre la tenue des comptes, assurer la sûreté des installations et des matériaux radioactifs ne sera pas une mince affaire. 

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Plusieurs défis à relever

Actuellement, l’Etat burkinabè n’a pas le contrôle de l’ensemble du territoire national.

Comment garantir alors que la centrale, quand elle aura vu le jour, ne tombera pas entre les mains de groupes armés ? Combien de temps la formation des ingénieurs et des agents de maintenance prendra-t-elle ? Et qu’en est-il des barres d’uranium ? Le Burkina Faso compte-t-il s’approvisionner en combustible russe pour faire fonctionner sa centrale ? Alors que l’Etat manque de liquidités, comment va-t-il s’acquitter de la note ? Peut-être en privilégiant l’accès des Russes à des ressources naturelles du pays– les mines, notamment ?


Autant de questions qui restent en suspens. 

A cela s'ajoute le problème de la faiblesse des réseaux électriques en Afrique. Pour fonctionner, une centrale doit s'insérer dans un réseau 10 à 20 fois plus puissant qu'elle. Sinon, c'est la panne.

L'électrification est un enjeu majeur de la décennie à venir en AfriqueImage : Ahmed Jallanzo/epa/picture alliance

Les contrats de Rosatom en Afrique

La stratégie russe de promotion du nucléaire en Afrique fonctionne, pourtant.

Rosatom a par exemple signé des accords avec le Mali en octobre 2023, pour y construire quatre centrales de 55 Mégawatts chacune. L’entreprise russe a également décroché un contrat de construction en Egypte – pour la centrale d’el-Dabaa, à l’ouest d’Alexandrie. 

En 2023, le Maroc, l’Ethiopie et l’Ouganda aussi ont signé des accords avec la Russie pour la construction de centrales nucléaires.
Sur les 30 pays qui veulent se doter de cette énergie dans la décennie à  venir, un tiers sont des Etats africains, même si plusieurs experts estiment que l’Afrique devrait davantage miser sur le solaire et d’autres énergies plus propres.

Du point de vue de la communication gouvernementale, l'inauguration d'une centrale nucléaire peut paraître plus prestigieuse que celle d'un parc solaire aux yeux de certains dirigeants.

L’Algérie, le Ghana, le Maroc disposent déjà de réacteurs capables de produire des matériaux radioactifs en petites quantité. Certains Etats tels que l’Egypte, le Niger, le Nigéria, ou le Kenya ont déjà lancé une procédure d’évaluation de l’AIEA (l’Agence internationale de l’énergie atomique).

D’autres, comme l’Ouganda ou la Tunisie envisagent de recourir sous peu au nucléaire dans leur mix énergétique.

Fin décembre 2023, en marge de la COP28 à Dubaï, une vingtaine de pays ont signé à appel au triplement de la capacité nucléaire installée dans le monde d’ici 2050.
 

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