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Au Burkina Faso, les Peuls pris entre deux feux

19 novembre 2024

Les communautés sont prises en étau entre les mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique d'un côté, et l'armée et ses auxiliaires de l'autre.

Burkina Faso | Femmes peules
Hormis quelques localités autour de la ville de Dori et dans les départements de Sebba et de Gorom-Gorom, il n'y a pratiquement plus de villages peuls. Image : Suburbanium/Depositphotos/IMAGO/Depositphotos

Pour ce qui est du Burkina Faso, le journaliste Newton Ahmed Barry, est particulièrement pessimiste. Lui qui est aussi consultant pour les questions de sécurité au Sahel revient notamment sur la discrimination que subissent les jeunes peuls au sein des forces armées. 

Écoutez ou lisez l'interview ci-dessous

"Au Burkina, il n'y a pratiquement plus de villages peuls en place" (Newton Ahmed Barry)

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Newton Ahmed Barry : Évidemment, la situation est très, très difficile. Si vous prenez par exemple le Burkina aujourd'hui, en dehors de la zone sahélienne, il n'y a pratiquement plus de villages peuls en place. Tous les villages peuls ont été soit chassés par les terroristes ou, quand ils ont échappé aux terroristes, ils ont été chassés par l'armée et les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, ndlr). Ce qui fait qu'aujourd'hui la communauté peule dans son ensemble est en situation soit de réfugiés dans les pays voisins ou en tout cas en situation de déplacés dans les communautés plus au sud. Et donc c'est une situation de précarité extrêmement importante.

DW : Comment peut évoluer la situation du coup pour la communauté peule ou est-ce que vous voyez peut-être des pistes constructives pour améliorer la situation ?

Newton Ahmed Barry : Il faut à mon avis revoir toute la stratégie de lutte contre le terrorisme et revenir sur la stigmatisation des communautés et travailler, à mon avis, à insérer tout le monde.

Dans beaucoup de cas, les jeunes ont demandé à se faire enrôler et beaucoup ont été - pour ne pas dire presque tous - ont été refusés, aussi bien dans les VDP que dans le recrutement de l'armée. Ce n'est pas officiellement affiché, mais c'est dans les faits que la discrimination est un fait.

DW : J'imagine que vos espoirs, que cette intégration, cette sensibilisation soit faite actuellement sont assez menus.

Newton Ahmed Barry : Très minces. Les tenants du pouvoir actuel... c'est vrai que ils se rendent compte que la stratégie qui est mise en œuvre est contre-productive parce que dans tous les villages où il y a eu des répressions massives contre la communauté peule au point qu'elle soit partie en espérant que la paix revienne, la paix n'est jamais revenue. 

Lorsque les éléments suivants - c'est-à-dire la répression communautaire et les autres éléments factuels de développement -lorsque vous les superposez quelque part, ça devient un bastion terroriste. 

Mais cela ne veut pas dire que les gens ne se battent pas pour pouvoir faire changer les choses, mais il faut dire les choses telles qu'elles sont et puis regarder la réalité en face.