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Le Soum, province écorchée du Burkina Faso

29 novembre 2023

L'attaque de dimanche dernier à Djibo a fait une quarantaine de morts civils. La ville vit sous blocus du JNIM depuis 2022. Pourquoi cette région du nord-ouest du Burkina Faso est-elle en prise aux groupes armés?

Vue aérienne du camp de déplacés de Djibo, au Burkina Faso (archive de mai 2022)
Un camp de déplacés de Djibo, dans le Soum, a été attaqué ces derniers jours par le JNIMImage : Sam Mednick/AP Photo/picture alliance

C’est à dimanche dernier [26.11.23] que remonte la dernière attaque en date à Djibo, dans la région du Sahel, au Burkina Faso. Les forces de sécurité affirment avoir riposté après une "attaque massive" par plusieurs centaines – peut-être plusieurs milliers - de djihadistes. Les assaillants s'en seraient pris, selon le HCR, à une base militaire, à des habitations et à un camp de déplacés de la ville de Djibo. Les combats qui se sont ensuivis ont fait de nombreuses victimes dans les rangs des assaillants et de l’armée et tué une quarantaine de civils. Mais pourquoi ces attaques sont-elles récurrentes dans cette partie du Burkina Faso ?

Le "verrou burkinabè" a sauté

Ce que les politologues appelaient "le verrou burkinabè" n’a pas mis longtemps à céder aux assauts des groupes armés en provenance des pays voisins, comme le Mali.

Le renversement de la dictature de Blaise Compaoré en 2014 avait déjà mis en lumière les problèmes économiques et la corruption d’une frange des élites. 

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Depuis 2018-2019, les attaques contre les symboles de l'Etat (écoles, casernes, hôpitaux), des églises ou leurs représentants dans le Soum et d'autres provinces du nord du Burkina Faso ont mis à mal la bonne entente entre les confessions et l’harmonie sociale dont se targuait pourtant le Burkina Faso. 

Des rivalités intercommunautaires ont aussi resurgi, dans une zone pauvre, où cohabitent droit positif et droit coutumier, ce qui complique la gestion du foncier. 

Autant de faiblesses qui ont permis à des groupes djihadistes armés de s’engouffrer dans la brèche d’une société fracturée : l’Etat islamique dans le Grand Sahara, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, le JNIM, lié au réseau Al-Qaïda et le mouvement Ansarul Islam. 

Les civils, premières victimes

La population civile est devenue la cible de leurs attaques, des milices d’autodéfense se sont constituées. Celles-ci organisent des représailles qui virent parfois au massacre et contribuent à la stigmatisation de certaines communautés rurales comme les Peuls, accusés de complicité avec les djihadistes.

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Vivre à Djibo, par exemple, chef-lieu de la province du Soum, cela signifie depuis près d’un an vivre sous un blocus, imposé par le groupe djihadiste JNIM. C’est souffrir de pénuries alimentaires, attendre les ravitaillements par convoi ou hélicoptère, manquer d’eau car les réserves du barrage et des forages ne suffisent pas pour les 280.000 habitants. 

Les pharmacies sont vides, l’ONG Médecins sans frontières essaie d’acheminer des médicaments et soins d’urgence, notamment pour les enfants et les femmes enceintes. Les hommes n’osent pas trop sortir de la ville de peur d’être attaqués ou enlevés. Ce sont les femmes et les enfants qui sortent – pour ramasser du bois. 

Risque pour le Golfe de Guinée

La plus grande partie du territoire burkinabè échappe désormais au contrôle des pouvoirs publics. 

Les autorités de la transition répondent à l'urgence par des opérations militaires, qui renforcent les cycles de violence sans remédier au fond social du problème.

Le Soum n'a été que la "porte d'entrée" des terroristes et le Burkina Faso est devenu l'épicentre du djihadisme au Sahel. Sa déstabilisation fait craindre aux pays voisins une avancée des groupes terroristes vers le sud, en direction du Golfe de Guinée.

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