1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Procès Thomas Sankara : ce sera sans Blaise Compaoré

Katrin Gänsler | Carole Assignon
8 octobre 2021

Lundi prochain doit s'ouvrir le procès censé clarifier les circonstances du meurtre de Thomas Sankara en 1987. Un procès sans Blaise Compaoré.

Burkina Faso Präsident Thomas Sankara
Image : picture-alliance/dpa

Même s'il n'est plus de ce monde, Thomas Sankara suscite toujours l'admiration, notamment auprès de certains jeunes sur le continent africain. C'est le cas de Justin Sogbedji qui a déménagé au Burkina Faso depuis le Bénin voisin il y a trois ans. Le jeune homme admire ainsi la statue de Thomas Sankara, haute de cinq mètres. Elle a été érigée dans le centre de Ouagadougou l'année dernière et attire de nombreux visiteurs. Elle exerce également une fascination sur Justin qui explique vouer une admiration sans faille à Sankara.

La statue de Thomas Sankara à Ouagadougou.Image : Katrin Gänsler/DW

"C'est un homme de combat, j'aime son histoire depuis mon enfance. C'est pour cela que quand je suis venu ici, j'ai vu la statue et je me suis dit qu'il faut que je prenne une photo", précise-t-il.

Lire aussi : Un mémorial pour Thomas Sankara

Justin peut à présent admirer la statue de Thomas Sankara et visiter le mémorial qui lui est consacré. Un mémorial étroitement lié au décès de l'ancien président.

Déception et besoin de clarification

C'est dans un bâtiment non loin de l'emplacement de la statue que celui-ci a été tué avec ses compagnons. Le procès qui s'ouvre lundi (11.10) est censé élucider comment Thomas Sankara, arrivé au pouvoir après un coup d'Etat le 4 août 1983, et douze autres officiers, ont été tués le 15 octobre 1987. Le principal prévenu, Blaise Compaoré, ancien compagnon de Thomas Sankara et son successeur à la présidence, a déjà fait savoir qu'il ne sera pas présent.

Lire aussi : Affaire Sankara : Compaoré dans le collimateur

Jean-Hubert Bazié, journaliste à la retraite et chargé de communication pour le monument Thomas Sankara, déplore cette décision et rappelle que ce n'est pas le premier rendez-vous que Blaise Compaoré n'honore pas.

"Le père de Sankara disait toujours qu'il attendait la visite de Blaise Compaoré pour savoir ce qui s'était passé à l'époque. Il n'est plus en vie. Mais Compaoré n'a jamais fait cette visite", explique Jean-Hubert Bazié.

Thomas Sankara et le Président français de l'époque François Mitterrand.Image : Daniel Janin/AFP/Getty Images

Le politologue Aziz Fall, qui coordonne la campagne internationale "Justice pour Thomas Sankara", déplore également l'absence de Blaise Compaoré au procès. Mais il insiste aussi sur le rôle de la France, l'ancienne puissance coloniale. Un rôle qui doit être selon lui clarifié. "Je ne pense pas que ce soit un complot local. C'était international. Cela a mis fin à la dernière révolution sur le continent africain", déplore Aziz Fall.

Lire aussi : Affaire Sankara, Paris remet le dernier lot de documents déclassifiés au Burkina

Un héros

Thomas Sankara, qui faisait campagne pour une production industrielle et agricole localisée en Afrique, est encore vénéré par ses partisans.

Cliquez pour écouter l'audio

This browser does not support the audio element.

Selon Ismael Kinda, porte-parole du mouvement "Le Balai citoyen", il reste un héros à ce jour car "il s'est battu contre ce qui mine la société. Il s'agit notamment de la corruption, de l'injustice, du chômage, de l'analphabétisme et de la pauvreté en général." Mais il y a probablement d'autres raisons encore. En tous cas, depuis Thomas Sankara, aucun autre politicien n'a été un "héros" qui lui soit comparable.

Lire aussi : Sortie du film "Thomas Sankara l'humain" de Richard Tiéné