Burkina : des journalistes menacés de morts
3 avril 2023Ces messages sont d'une rare violence et inquiètent les professionnels de l'information.
Selon le rédacteur en chef de radio Oméga, Abdoul Fhatave Tiemtoré, "c’est une situation qui crée une certaine anxiété, beaucoup de difficultés dans le travail que nous faisons. C’est une situation qui augmente le stress que nous avons déjà au quotidien et surtout auprès des plus jeunes. Certains sont stagiaires et d’autres viennent de démarrer leur carrière. C’est assez difficile à gérer pour cela surtout mais aussi pour tous les journalistes qui travaillent pour Oméga Média de savoir que leur travail qu’ils font au nom du droit à l’information, de savoir que cela puisse être attentatoire à leur liberté."
Les menaces de mort sont une première. Mais dans la société burkinabè, les reproches et critiques contre la presse se multiplient depuis plusieurs semaines. Les craintes sont nombreuses et des journalistes ont déjà alerté sur les dérives constatées dans le pays, alors que les autorités entendent des médias qu’ils fassent de la communication pour soutenir l’effort de guerre. Discours incompréhensible pour le directeur de la radio Omega.
"La communication n’est pas le travail d’un journaliste. Un journaliste informe."
L'information sert même la lutte contre le terrorisme assure Rainatou Tamboura journaliste à la radio Ouaga FM, en colère.
Il assure que "c’est déplorable qu’aujourd’hui des journalistes soient menacés de mort. La presse Burkinabé participe beaucoup à la lutte contre le terrorisme avec ses productions. Les journalistes choisissent toujours des thèmes d’intérêt nationaux et y’a des apports. Cette approche des autorités de la transition en voulant sanctionner tout média qui ne va pas dans le sens voulu par les autorités favorise desmessages de haine".
Plainte
La Radio Oméga a déposé plainte il y a 8 jours. Mais les messages de menace n'ont pas cessé.
C'est pourquoi, le conseil supérieur de la communication lance un appel aux autorités à protéger les journalistes.
Il faut cesser les menaces de mort contre les professionnels des médias insiste Karim Koné, activiste de la société civile.
"Nous pensons que c’est un précédent grave que le régime actuel doit tout mettre en œuvre pour que ces personnes ne passent pas aux actes et punir ces personnes s’il y’a lieu. La liberté d’expression est garantie par la constitution du Burkina Faso. Il sera difficile aux peuples épris de liberté de tolérer un tel recul démocratique."
Les appels à la retenue et au dialogue se multiplient de tous côtés. Des leaders d'opinion se sont aussi rendus à Radio Oméga en fin de semaine dernière pour afficher un soutien public et redire l'importance de la liberté de la presse.