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Victime de violences conjugales, Jacqueline se reconstruit

Antéditeste Niragira
22 novembre 2022

Les femmes au Burundi, sont confrontées à certains maux de leur société comme les violence conjugales, le mariage précoce ou le trafic d'êtres humains.

Frau mit Reisigbesen im Eingang eines Hauses
Au sujet des violences que subissent les femmes, le tabou existe toujours au Burundi : le plus dur est d’avoir le courage d’en parler et surtout trouver le bon interlocuteur. Images/Archives.Image : blickwinkel/Blinkcatcher/picture alliance

"Il me frappait beaucoup ! Un jour il m’a frappée avec une assiette en argile à la tête. Mon front a explosé et un officier de la police judiciaire l’a emprisonné. Il me frappait très sérieusement et je devais le garder secret car c’est ainsi la vie conjugale, selon la tradition... C’était ça mes conditions de vie", a confiée Jacqueline Manirakiza, mère de six enfants.

Jacqueline Manirakiza est mariée depuis 2007, a été longtemps, victime de violences conjugales. Son époux l’a finalement abandonnée avec ses enfants. Pour se défendre, elle est allée voir des associations de défense des droits des femmes.

Au Burundi, des organisations comme l’ONG Kazoza keza et la Solidarité des femmes burundaises pour le bien-être social et le progrès, travaillent sur la lutte contre contre les violences faites aux femmes.Image : DW/A. Niragira

Autonomisation des femmes

Grâce à leur travail de sensibilisation, Jacqueline a fini par comprendre qu’elle devait se sortir de son statut de dépendance au sein du couple.  

"Je ne contribuais à rien. Je devais attendre que mon mari apporte à manger. Je croyais que me séparer de mon mari serait la fin de ma vie et celle de mes enfants. L’association m’a prouvé que je peux travailler, que mon oisiveté était à l’origine de ces violences conjugales. Présentement, tel que tu me vois, avec mes enfants qui vont à l’école, c’est parce que l’association m’a sensibilisée sur comment me prendre en charge moi-même."

Jacqueline se débrouille seule depuis cinq ans pour subvenir aux besoins de ses enfants qui sont scolarisés. Elle participe aux groupements d’épargnes et de crédits qui lui permettent de faire du commerce.  

"On nous a appris à faire du commerce, comment gagner et épargner. Quand j’exerce un business, je sais qu’on va manger, j’épargne pour les soins de santé. J’épargne progressivement de petites sommes d’argent jusqu’à parvenir à payer le loyer sans inquiétudes à la rentrée scolaire. Je n’ai pas de dettes. Je me débrouille mieux seule avec mes enfants qui me comprennent très bien", estime Jacqueline fière d’elle-même.  

Des organisations comme l’ONG Kazoza keza apprennent au Burundi, aux femmes à lire et à entreprendre.Image : DW/A. Niragira

Campagne de sensibilisation

Le Burundi a lancé le 25 novembre une campagne contre les violences faites aux femmes. Elle a été initiée par les autorités burundaises et vient en appui aux initiatives des associations pour une meilleure prise de conscience des femmes dans la défense de leurs droits. 

Mais le pari n’est pas encore gagné, estime des organisations de défenses droits de la femme.

"Il y a une évolution quand même. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir parce que les violences continuent à s’observer, notamment les violences physiques, psychologiques et socio-économiques. Nous apportons une assistance psychosociale aux femmes victimes de violences. Et pour les cas qui nécessitent une prise en charge médicale ou juridique, nous les dirigeons vers d’autres centres", a expliqué précise Annick Dusenge, responsable de suivi-évaluation à la Solidarité des femmes burundaises pour le bien-être social et le progrès.  

Lorsque les femmes sont prises en charge dans des centres spécialisés, l’association continue à suivre leur cas pour s’assurer qu’elles bénéficient d’une prise en charge adéquate.