1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Burundi : rivalité au sommet de l'Etat

25 février 2021

Rien ne va plus au sommet de l’Etat burundais, entre le président Evariste Ndayishimiye et son Premier ministre Alain-Guillaume Bunyoni.

Le président Evariste Ndayishimiye (à gauche) et son Premier ministre Alain-Guillaume Bunyoni (à droite)
Le président Evariste Ndayishimiye (à gauche) et son Premier ministre Alain-Guillaume Bunyoni (à droite)

Les conséquences de la rivalité entre le président Ndayishimiye et le Premier ministre Bunyoni, deux pontes de l’ex-rébellion du CNDD-FDD, risqueraient d’être dévastatrices pour le Burundi.

"A l’intérieur du CNDD-FDD, deux courants s’affrontent depuis longtemps" (Jérémie Minani)

This browser does not support the audio element.

"A l’intérieur du CNDD-FDD, (le parti au pouvoir), deux courants s’affrontent depuis longtemps. Il y a un courant modéré et un courant des faucons", estime Jérémie Minani, opposant burundais en exil.

Selon lui, la disparition en juin 2020 de Pierre Nkurunziza a mis à jour les divisions au sein du régime burundais. 

Le président Évariste Ndayishimiye et son Premier ministre Alain-Guillaume Bunyoni s’affrontent désormais ouvertement, via deux courants qui leur sont fidèles. 

"Le premier courant, auquel appartient Evariste Ndayishimiye, détient effectivement les rênes du pouvoir. Mais, au même moment, le courant des faucons tient aussi certains postes stratégiques. Et ce courant des faucons est parvenu à bloquer certaines des initiatives d'Evariste Ndayishimiye", ajoute Jérémie Minani.

"Terreur et prédation"...

Depuis son arrivée au pouvoir, Evariste Ndayishimiye a affiché sa volonté d’ouverture pour permettre de décrisper les relations tendues entre le Burundi et ses partenaires occidentaux.  Mais cette initiative ne plairait pas au camp des faucons, auquel appartient son Premier ministre Alain-Guillaume Bunyoni. Mais l'intellectuel burundais David Gakunzi estime que ces divergences sont surtout formelles.

Le président Evariste Ndayishimiye donne des gages d’ouverture de son régime Image : Reuters/E. Ngendakumana

"Il y a d’un côté Evariste Ndayishimiye, dont le nom n’est pas cité dans les crimes de sang, qui souhaiterait normaliser les choses. Et de l’autre côté, une aile du pouvoir qui souhaiterait continuer à régner comme ils ont toujours régné depuis 2015. C’est-à-dire par la terreur et par la prédation. Je dirais que c’est une différence plutôt dans la façon que dans le fond", soutient David Gakunzi.

>>> A lire aussi : Sanctionnés, surveillés : quel avenir pour les médias burundais ?

Issue militaire?

Dans ce bras de fer, le président burundais aurait l’appui de l’armée. Tandis que son Premier ministre aurait celui de la police. 

Doit-on craindre une issue militaire à cette rivalité au sommet de l’Etat ? David Gakunzi ne l’exclut pas.
"Vous savez, nous sommes devant un régime de violence. Dès qu’on est un régime de violence, on sait que cela finit un jour soit par des réformes, parce que des gens éclairés pensent qu’il faut reformer le régime de l’intérieur, ou alors, tout cela finit un jour par la violence. On ne pratique pas la violence impunément contre la société. La violence pratiquée contre la société finit un jour ou l’autre par se retourner contre l’Etat lui-même", conclut David Gakunzi, inquiet.

" La violence pratiquée contre la société finit un jour ou l’autre par se retourner contre l’Etat lui-même" (David Gakunzi)

This browser does not support the audio element.

>>> A lire aussi : Burundi : nouveau rapport sur les abus des droits humains

Alain-Guillaume Bunyoni, présenté comme l’une des grandes fortunes du Burundi, est une des plus sinistres figures du régime CNDD-FDD. Ex-directeur de la police, ex-ministre de la Sécurité, le Premier ministre fait partie de la dizaine de personnalités burundaises contre lesquelles la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête pour soupçons de crimes contre l’humanité commis lors de la répression de ceux qui s’opposaient au troisième mandat du président défunt, Pierre Nkurunziza, en 2015.

Le président américain de l’époque, Barack Obama, avait imposé des sanctions contre quatre hauts responsables burundais pour leur responsabilité dans les violences contre l’opposition en 2015. Parmi eux figurait Alain-Guillaume Bunyoni, qui était alors ministre de la Sécurité publique et, dans les faits, numéro 2 du régime Nkurunziza.

Passer la section Sur le même thème