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Burundi-Rwanda: La Maison Shalom fête ses 30 ans

24 octobre 2023

Interview avec Marguerite Barankitse, l'"Ange du Burundi", qui vient en aide aux enfants de la guerre et à leurs familles, y compris depuis son exil forcé.

Marguerite Barankitse, fondatrice de la Maison Shalom (archive de 2019)
Marguerite Barankitse en est sûre : "La haine n'aura pas le dernier mot"Image : Victor Boyko/Getty Images

Peut-être connaissez-vous Marguerite Barankitse sous l'un de ses surnoms : "Maggy", "Oma" (" grand-mère" en allemand), ou l'"Ange du Burundi" ?

Cette Burundaise a fondé, le 24 octobre 1993, la Maison Shalom au Burundi. D'abord un refuge, pour les enfants victimes de la guerre qui éclate après l'assassinat du président Melchior Ndadaye par des militaires. Ensuite, la Maison Shalom accueille aussi des mères, à qui elle propose progressivement des soins hospitaliers. Et puis la structure s'étend dans plusieurs régions du Burundi, avec toujours un objectif : promouvoir la paix et combattre la haine entre les ethnies du pays. 47.000 enfants passent par la Maison Shalom en vingt ans. 

En 2015, Marguerite Barankitse doit quitter le Burundi à cause de la violence de la répression ordonnée par le président Pierre Nkurunziza qui veut se maintenir au pouvoir. Et depuis, Marguerite Barankitse poursuit son travail humanitaire à partir du Rwanda où elle a reconstruit une structure d'aide pour les enfants et les familles. Inlassablement. En pleines festivités du 30e anniversaire de la Maison Shalom, elle nous a accordé une interview. En voici ci-dessous un extrait dans lequel elle revient sur les débuts de son action, le 24 octobre 1993.

Vous pourrez suivre l'intégralité de notre entretien avec Marguerite Barankiste dans le magazine Droits et Libertés, la semaine prochaine. Un entretien dans lequel elle nous parle de sa lutte, de ses souvenirs de bonheur, aussi, et du Prix Nobel de la paix que beaucoup aimeraient lui voir décerner.

"Restez debout, gardez votre dignité" (Marguerite Barankitse, Maison Shalom)

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Extrait de l'entretien avec Marguerite Barankitse : 

Marguerite Barankitse : Je me suis dit : “il faut quand même créer quelque chose pour briser le silence de l'indifférence, pour éduquer les enfants, une nouvelle génération qui ose briser ces cycles de violence.

Bien sûr, je me suis lancée comme ça. Je n'avais rien. Et puis, c'est un coopérant allemand qui m'a cachée ce soir du 24 octobre 1993 et j'ai passé chez ce cooperant… sept mois. Durant ces sept mois, j'ai eu aussi des enfants rwandais, en 1994, mais je croyais que ces massacre n'allaient pas se transformer en guerre civile.

Malheureusement, pendant dix ans, je n’ai fait qu’avoir des enfants victimes de ces violences, après, j'ai eu des enfants de la rue, après des enfants malades, des enfants-soldats… je n'avais jamais pensé créer une institution, mais puisque nous avons les statistiques, qu’on les inscrivait, [je peux vous dire que] 47.000 enfants sont passés par la Maison Shalom.

DW : Au-delà du refuge, vous aviez aussi tout un programme de formation.

Marguerite Barankitse : Je n’ai jamais voulu créér d‘orphelinat. Je me suis dit: “Pourquoi les gens s'entretuent?C'est par l'ignorance. Alors je vais créer des écoles avec une bibliothèque aussi, un cinema.” Parce que je me disais [qu’il fallait que] les gens aient une fenêtre sur le monde. C'est par ignorance qu’ils s'entretuent.

Après, je recevais des orphelins parce que les mamans mouraient de maladies. C'est comme ça que j'ai conçu un grand hôpital (REMA) avec un plan de protection maternelle et infantile, puis un centre de prévention du SIDA, de la malaria, où ils apprenaient  l’hygiène de vie.

Après, comme je voyais qu’il y avait des mamans, à cause de la guerre, qui mouraient de malnutrition quand ells accouchaient, je me suis dit: “Mais il faut créer une banque de microfinance”. Alors j'ai créé une institution de microfinance.

C'était comme ça. Et puis, après, c'étaient les écoles paramédicales, puis un mouvement coopératif [agropastoral] qui avait des members – 10.000 ménages.

Quand j'ai quitté le pays [Burundi, en 2015], on récoltait 600 tonnes de riz qu'on cultivait dans les marais, dans les trois provinces, parce que je voulais redonner leur dignité aux gens, je voulais créer une autre image de ce qu’on appelle les organisations humanitaires.

Pour leur dire: vous restez debout, vous gardez votre dignité et vous gagnez votre vie.

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