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EconomieAfrique

Mali : vers une asphyxie de l'économie ?

18 janvier 2022

Outre les sanctions de la Cédéao, le Mali pourrait aussi être touché par les sanctions de plusieurs institutions internationales.

Le président de la transition malienne et son premier ministre.
Le président de la transition malienne et son premier ministre.Image : Präsidentschaft von Mali

Les sanctions actuelles peuvent conduire le Mali à se retrouver à court de liquidités et posent donc la question de savoir combien de temps le pays pourra tenir. A ceci s'ajoute aussi la possibilité de voir le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale adopter à leur tour des sanctions.

Lire aussi: Mali : la junte mobilise la rue pour soutenir sa transition

Des réserves disponibles

L'embargo sur les échanges commerciaux et les transactions financières, mais aussi le gel des avoirs du Mali au sein de la banque de l'UEMOA, risquent d'acculer ce pays qui pourrait vite se trouver à court de liquidités.

'Les alternatives existent...' Yves Ekoué Amaïzo (économiste)

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Les autorités maliennes n'ont ainsi pas pu réaliser une émission obligataire de 30 milliards de francs CFA sur le marché régional.

Avec les sanctions de la Cédéao, les autorités militaires de transition sont donc dans une posture difficile. De l'avis de nombreux observateurs, elles ne pourraient tenir que quelques semaines. Mais l'économiste Yves Ekoué Amaïzo est plus optimiste.

"Le stock de la dette totale du Mali, d'après les rapports de la Banque mondiale, s'élèverait à environ six milliards de dollars en 2020, essentiellement dû à des entités publiques. Le revenu national brut du Mali, en gros sa richesse, s'élève à 16, 7 milliards de dollars en 2020. Je n'ai pas pu trouver les chiffres des réserves internationales du Mali parce que depuis plusieurs années ce n'est pas documenté. Ce qu'il y a de sûr c'est que le Mali a plus de six mois de réserves devant elle", explique l'économiste.

"Ces sanctions auront bientôt un effet dramatique..."

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Pourtant, les effets des sanctions sont bien réels, rappelle Serigne Bamba Gaye, spécialiste des relations internationales et en analyse stratégique.

Selon lui, "le Mali ne sera pas en mesure d'importer, de faire face à ses engagements sur le plan international. Les opérateurs économiques maliens ne pourront pas véritablement continuer à mener leurs activités… Ces sanctions auront bientôt un effet dramatique tant pour le gouvernement, les opérateurs économiques que pour le reste de la population".

La crainte d'autres sanctions

Outre la Cédéao, l'Europe se préparerait également à sanctionner le Mali, sous l'impulsion de la France, et il n'est pas exclu que le FMI et la Banque Mondiale en fassent de même.

Mais pour l'économiste Chérif Salif Sy, vu l'indignation suscitée par les sanctions économiques de la Cédéao, les institutions internationales pourraient éviter de lui emboîter le pas.

'Il faut sortir de la situation très rapidement' Chérif Salif Sy (économiste) - MP3-Stereo

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Chérif Salif Sy précise toutefois qu'en l'état actuel, la marge de manœuvre des autorités maliennes de transition est assez restreinte.

"Evidemment ils vont avoir le soutien de pays comme la Russie et d'autres, la diaspora va continuer à payer la scolarité, la nourriture et les frais de santé pour leur famille. Mais ce n'est pas cela qui va soulager le Mali", craint l'économiste.

Pour Chérif Salif Sy, le pays ne pourra pas tenir longtemps, il recommande donc de tout faire pour sortir rapidement de cette situation.