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Côte d’Ivoire : la galère des habitants de Yopougon

Julien Adayé
23 septembre 2020

Depuis une semaine, les habitants de cette commune d’Abidjan ont du mal à se déplacer. Un bus de la Sotra a été incendié. Reportage à Yopougon.

A défaut du bus de la SOTRA, certains sont obligés de prendre le taxi
A défaut du bus de la SOTRA, certains sont obligés de prendre le taxiImage : Sebastien Martineau

La Société du transport abidjanais (Sotra) a décidé de suspendre la desserte de Yopougon, une commune populaire d’Abidjan. La décision intervient  à la suite de l'incendie d'un bus lors des manifestations de l'opposition la semaine dernière. Depuis lors, vivre ou sortir de Yopougon est devenu une vraie galère.

Depuis cette décision de la Sotra,  nombreux sont, en effet, les travailleurs qui n’ont pas d’autre choix que de marcher.  Hugues Seka, travaillant dans la zone industrielle de Yopougon,  parcourt les six kilomètres qui séparent sa maison à son lieu de travail à pied. Cela dure depuis plus d’une semaine.

"Ce matin, je vais marcher jusqu’à là-bas. Le soir, je suis obligé de marcher jusqu’ici. Ceux qui ont brûlé les bus, ils les connaissent. Il ne faut pas qu’ils nous fassent marcher pour rien.", fulmine-t-il.

Lire aussi → Côte d’Ivoire : l’opposition appelle à la désobéissance civile

Conséquences sur le budget

Pour aller ou sortir de Yopougon, ou encore, circuler à l’intérieur de la plus grande commune de la Côte d’Ivoire, ceux qui ont les moyens empruntent les minibus appelés ici gbakas ou les taxis. Cela fait exploser le budget des habitants de la commune.

"C’est compliqué pour se déplacer à Yopougon" (une habitante)

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"C’est compliqué pour se déplacer à Yopougon, et surtout pour nos enfants. Nous les adultes, on peut se déplacer en taxi.", constate une habitante de Yopougon.

Un autre habitant affirme que "Cette affaire de bus à Yopougon ici, moi actuellement ça me fait très mal. Parce que je quitte à Niangon carrefour Lokoua pour venir à Saint André, on me prend 400 FCFA.’’

Sur les quelques rares bus de la Sotra aperçus ce matin à Yopougon, on peut lire : « Pas en service » ou le nom d’une entreprise.  C’est à dire, que c’est destiné au personnel de la société.

Et ce matin, comme cela se passe depuis une semaine déjà, Ruth Kouadio et ses collègues du Bureau national d’étude technique attendent le bus de leur entreprise.

"Nous, on emprunte les cars et nos cars sont des bus de la Sotra. À cause de ce qui s’est passé, nous sommes obligés de venir jusqu’au terminus 40 pour emprunter le car. Or, avant le bus venait nous chercher à nos différents arrêts. En plus de payer le car, on prend un taxi pour venir rejoindre le car. Donc, ça a un impact sur notre budget."

Du retard dans les activités

Inès, une étudiante que nous avons rencontrée devant la cathédrale Saint André, cherche un moyen de transport pour se rendre à l’école.  À 7h30, heure à laquelle elle devrait commencer son premier cours de la journée au Plateau, elle était encore à Yopougon.

Pourtant, Inès s’est réveillée depuis 5h du matin. "En tout cas, ce n’est pas facile. Parce que quand on quitte ici, on arrive à destination en retard. Pour rentrer on arrive ici à 21h. Nous n’avons même pas le temps d’étudier."", fait savoir cette étudiante. 

Le cas d’Inès n’est pas un cas isolé ici à Yopougon. C’est pour cela qu'Adèle Gnansian, parent d’élève plaide pour le retour des bus à Yopougon: "Que le gouvernement revoit cette situation afin d’atténuer la sanction pour le bien-être des enfants surtout."

La population de cette commune qui avoisine un million d’habitants vit des moments difficiles depuis une semaine, dû à son enclavement. Et ce sont les chauffeurs de taxis communaux ou taxis-compteurs et les minibus (gbakas) qui font leur loi. Avec la décision de la Sotra, les populations apprécient désormais mieux la valeur des bus.