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Côte d'Ivoire : la réconciliation au cœur du jeu politique

8 mai 2020

La Côte d’Ivoire se dirige vers la présidentielle prévue en octobre mais le pays donne l’impression d’avoir du mal à solder son passé.

Les Ivoiriens avaient voté en 2018 pour des élections régionales et municipales
Les Ivoiriens avaient voté en 2018 pour des élections régionales et municipalesImage : Getty Images/AFP/I. Sanogo

L’élection se présente sur fond de réconciliation qui peine à se concrétiser mais aussi de crise sanitaire liée au coronavirus, avec qui plus est des candidats qui doivent faire face à des problèmes de justice comme c’est le cas de  Guillaume Soro. L'ancien Premier ministre est visé par une nouvelle plainte déposée à Paris. 

Les nouvelles accusations qui pèsent actuellement sur lui sont "torture", "assassinat" et "crimes de guerre" commis en 2004 et 2011.

L'ancien premier ministre ivoirien Guillaume Soro à Abidjan en février 2019Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle ivoirienne prévue en octobre, il a déjà été condamné fin avril par la justice de son pays à 20 ans de prison pour "recel de détournement de deniers publics" et "blanchiment de capitaux". Ces procédures judiciaires jettent un sérieux doute sur ses chances de se porter candidat.

 

Outre Guillaume Soro, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé ou encore Akossi Bendjo, l’ex-maire du Plateau, sont autant de personnalités empêtrées dans des affaires judiciaires.

Cette situation fait dire à certains qu’on est encore loin de la réconciliation après les violences postélectorale de 2010. Pour Ousmane Zina, enseignant chercheur en sciences politiques à l’université de Bouaké, la réconciliation reste au cœur du jeu politique en Côte d’Ivoire :

"On est dans une situation du verre à moitié plein et du verre à moitié vide concernant le processus de réconciliation. Du côté du gouvernement, on estime que l’impunité doit être rayée du jeu politique en Côte d’Ivoire et que la vérité par la justice est un gage de réconciliation. Par contre, au niveau de l’opposition, on estime qu’il faut aller vers une réconciliation en évitant des poursuites ciblées. La question de la réconciliation reste au cœur des élections. C’est une question qui n’est pas évacuée". 

Une manifestation à Abidjan en Janvier 2011Image : AFP/Getty Images/I. Sanogo

Un contexte politique tendu

Une situation qui fait craindre que le processus électoral se déroule dans un contexte encore plus tendu qu’il ne l’est actuellement. D’autant qu’outre les problèmes juridiques de certains candidats comme Guillaume Soro, Amadou Gon Coulibaly, le candidat du parti au pouvoir, doivent faire face à des problèmes de santé. Une situation que déplore le sociologue Rodrigue Koné :

"Après la crise postélectorale en 2010, la Côte d’Ivoire a tout fait pour tirer des leçons du passé et consolider sa démocratie. Mais le constat est que c’est presque l’inverse qui se produit dans la mesure où les jeux électoraux se déroulent de façon partielle, ils ne sont pas réellement ouverts". 

Selon le sociologue, que ce soit du côté du pouvoir ou de l’opposition, il y a trop peu de démocratie au sein des différents partis politiques, notamment en ce qui concerne le choix des candidats.

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