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Côte d'Ivoire : Ouattara tend la main à l'opposition

10 novembre 2020

Dans son discours à la nation, lundi soir, Alassane Ouattara, le président ivoirien réélu, a tendu la main à l’opposition afin de mettre fin à la crise dans le pays.

 Alassane Ouattara et l'opposant Henri Konan Bédié pourraient se rencontrer bientôt
Alassane Ouattara et l'opposant Henri Konan Bédié pourraient se rencontrer bientôtImage : Xinhua Afrika/Imago Images

Ce mardi 10 novembre, au lendemain du discours du président Ouattara, certains membres de l’opposition ont salué cette initiative du président mais ont rappelé que bien avant la réélection d’Alassane Ouattara, les leaders de l’opposition avaient à plusieurs occasions sollicité ce dialogue. 

Pour Eugène Djué, de l’ex-galaxie patriotique, il y a des contradictions dans le discours d’Alassane Ouattara. "Toute main tendue est une bonne chose parce que le principe actuellement, c’est de quitter la spirale de la violence. Mais, il faut dire qu’il y a des choses contradictoires. Parce que le président dit qu’il va discuter avec le président Bédié, le président dit qu’il faut mettre fin à la violence. Donc le dialogue va s’ouvrir. Mais le président dit aussi qu’il faut que les auteurs du mot d’ordre de désobéissance soient recherchés, arrêtés et punis" dit Eugène Djué.

Le porte-parole de la coalition de l’opposition, Pascal Affi N’Guessan, qui a été interpellé vendredi soir et dont on avait plus de nouvelles depuis lors, a été présenté à un juge lundi qui lui a présenté trente chefs d’accusation avant de le déférer à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). 

Henri Konan Bédié dénonce le blocus autour de sa résidenceImage : Diomande Ble Blonde/AP Photo/picture alliance

Avant Pascal Affi N’Guessan, c’est Maurice Kacou Guikahué, numéro deux du PDCI, et cinq de ses camarades, qui ont été interpellés. C’est pourquoi Samba David, du mouvement des indignés de Côte d’Ivoire, ne croit pas en la sincérité de cette main tendue d’Alassane Ouattara. "S’il est prêt à discuter avec Bédié qui est le président du CNT (Conseil national de transition), pourquoi maintenir Guikahué, Pascal Affi N’Guessan et ses camarades en prison ? Je pense qu’il y a une incohérence et puis il n’y a pas de sincérité dans ce qu’il dit’’, estime Samba David.

Pascal Affi N'Guessan est accusé de sédition et a été arrêtéImage : Luc Gnago/REUTERS

Renoncer au troisième mandat

Jean Louis Tanoh, membre du secrétariat du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, explique pour sa part, que même s’il devait y avoir un dialogue, Alassane Ouattara devrait avant tout renoncer à son troisième mandat. Dans ce cas, seul le Conseil national de transition dirigé par Henri Konan Bédié serait l’alternative. "L’opposition n’a pas violé la Constitution en mettant le Conseil national de la transition en place. Parce que cette Constitution même est déjà violée par le garant de cette Constitution. Donc pour nous, il n’y a plus de Constitution. Donc c’est la jurisprudence qui devrait nous emmener à travailler et aller de l’avant’’ , dit Jean Louis Tanoh, membre du secrétariat du FPI, le parti de Laurent Gbagbo

Pendant que pouvoir et opposition campent sur leur position, les violences se poursuivent. Lundi, au moins neuf personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ou lors d’affrontements entre communautés. 

Ce mardi encore, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays dont M’Batto dans la région de Pascal Affi N’Guessan, où un jeune homme aurait été tué.

Par ailleurs, selon l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 8.000 personnes ont fui la Côte d'Ivoire vers les pays voisins, principalement le Liberia, en raison des violences liées à l'élection présidentielle.

Les violences dans le pays ont fait d'importants dégâts et plusieurs mortsImage : Luc Gnago/REUTERS

Réactions de l'UA et de la Cédéao

Quant à l'Union africaine (UA), elle a félicité ce mardi le président ivoirien Alassane Ouattara pour sa réélection.

Dans un tweet renvoyant sur un communiqué, le président de la commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, "félicite le Président Alassane Ouattara pour sa réélection" au premier tour avec 94,27% des voix, et "invite tous les acteurs politiques à privilégier le dialogue". Il exhorte "les autorités ivoiriennes ainsi que l'ensemble de la classe politique ivoirienne à oeuvrer ensemble, dans le strict respect des institutions et des lois, à la recherche de solutions consensuelles et pacifiques aux défis actuels", après des troubles meurtriers liés à la présidentielle du 31 octobre boycottée par l'opposition qui refuse de reconnaitre la validité du scrutin.

Dans un communiqué, la Cédéao a elle aussi adressé "au président élu ses chaleureuses félicitations" et l'exhorte à "tout mettre en oeuvre en faveur du rassemblement des Ivoiriens".