En Côte d’Ivoire , coup dur pour le PDCI et l’espoir Thiam
23 avril 2025
La Cour d’appel a tranché : au moment de son inscription, Tidjane Thiam n’était plus Ivoirien. Pour les juges, l’ex‑patron du Crédit Suisse a perdu sa nationalité il y a près de quarante ans en acquérant la citoyenneté française, même s’il y a officiellement renoncé en mars dernier pour pouvoir briguer la magistrature suprême.
Sans carte d’électeur, sa candidature à la présidentielle d’octobre prochain sous la bannière du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) est désormais hors-jeu.
Tout était orchestré ?
L’issue ne surprend guère Hyacinthe Bley, politologue à l’Université Félix‑Houphouët‑Boigny.
"Tout était déjà orchestré pour qu’on en arrive là. On a commencé par tenter de déstabiliser le PDCI, même de l’intérieur. Donc, pour beaucoup, Tidjane Thiam est désormais hors course, tout comme Laurent Gbagbo, Blé Goudé ou encore Guillaume Soro", assure-t-il.
Thiam conteste le verdict et appelle les Ivoiriens à "une mobilisation visible". Comme lui, d’autres figures de l’opposition — dont l’ex‑président Gbagbo — restent radiées des listes pour motifs judiciaires.
Les ennuis de Tidjane Thiam ne s’arrêtent pas là. Jeudi, le tribunal d’Abidjan examinera une nouvelle procédure : une militante du PDCI conteste sa légitimité à la tête du parti, estimant qu’il avait déjà perdu sa nationalité ivoirienne lors de son élection à la présidence du PDCI en décembre 2023.
À six mois du scrutin, le paysage politique ivoirien se recompose brutalement : avec Tidjane Thiam potentiellement écarté, la route vers la présidence semble plus que jamais verrouillée.
Le spectre de 2010
Craignant une nouvelle flambée de violences, des voix plaident pour laisser "tous les candidats concourir", rappelant le précédent du président Alassane Ouattara en 2010. Mais l’analyste Alafé Wakili nuance. "Le contexte n’est plus le même", affirme-t-il.
"Il ne faut pas oublier que, malgré tout, Gbagbo a résisté. C’est justement ce sentiment d’injustice, après avoir accepté la candidature d’Alassane Ouattara, qui nous a peut-être conduits à la guerre. En 2010, ceux qui avaient consenti à sa candidature pensaient ne rien perdre. Mais en voyant qu’il allait gagner, certains ont estimé qu’il ne le méritait pas. Finalement, ce qui devait être une sortie de crise s’est transformée en une nouvelle crise, perçue comme profondément injuste", explique-t-il.