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Côte d'Ivoire : que peut la communauté internationale ?

5 octobre 2020

Une mission conjointe de la Cédéao, de l’UA et de l'Onu est à Abidjan en vue d'aider la classe politique à faire baisser la tension qui prévaut dans le pays.

La candidature du président Ouattara ravive les tensions dans le pays
La candidature du président Ouattara ravive les tensions dans le paysImage : Reuters/L. Gnago

Cette mission tripartite est à Abidjan alors que le climat politique s’est alourdi ces derniers jours et que de nombreux ivoiriens redoutent une recrudescence des violences politiques avant, pendant et après la présidentielle de fin octobre. La candidature du président sortant, Alassane Ouattara, à un troisième mandat et l’invalidation des candidatures de plusieurs personnalités politiques dont l’ancien chef rebelle et ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ainsi que celle de l’ex-président, Laurent Gbagbo, sont au cœur de la tension politique. Une tension qui aurait déjà provoqué la mort  d’une vingtaine de personnes à travers le pays.

Plusieurs rencontres au programme

La mission internationale est conduite par la ministre des Affaires étrangères du Ghana. Parmi les personnalités à rencontrer figurent le président Ouattara, les responsables des institutions chargées du processus électoral, de même que les responsables de partis politiques. Que peut-on attendre d’une telle initiative ? Pour Dr Christophe Kouamé, coordonnateur de Civis-Ci, une plateforme des organisations de la société civile ivoirienne, pour sauvegarder la paix, un report du scrutin présidentiel devrait être envisagé ainsi qu'une recomposition de la commission électorale. "La Cédéao estime que, pour qu'une élection se déroule, il faut que tous les acteurs soient d'accord", explique-t-il. "Ici ce n'est pas le cas, alors que la présidentielle doit se dérouler le 31 octobre

" Il faut un minimum de consensus pour des élections justes et transparentes" (Dr Christophe Kouame, société civile ivoirienne)

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ICG pour un court report du scrutin

Dans un rapport publié il y a quelques jours, l'organisation de prévention des conflits, International crisis group (ICG), préconisait un report de l'élection présidentielle pour établir un "large dialogue" et éviter des violences.

Pour l'ICG, "un court report de l'élection offrirait une chance de sortir de la confrontation actuelle à travers un dialogue et de solder le contentieux qui rend improbable l'organisation d'une élection apaisée et transparente le 31 octobre".

"La probabilité que cette élection accouche, en l'état, d'une crise grave, est élevée", indiquait l'organisation indépendante, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Parmi les sujets à discuter, l'ICG cite "la composition de la Commission électorale indépendante (CEI), la révision du fichier électoral, les modalités d'un retour des exilés politiques et le sort de certains de leurs partisans, toujours emprisonnés". 

Les violences de ces dernières semaines auraient fait une vingtaine de mortsImage : Reuters/L. Gnago

L'ONG invitait également l'opposition à faire des "concessions réalistes", comme "un rééquilibrage de la CEI", plutôt qu'une "dissolution pure et simple", et le pouvoir à autoriser "le retour en Côte d'Ivoire de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo (...), un geste capable d'apaiser le lourd climat actuel".

Elu en 2010, réélu en 2015, Alassane  Ouattara, 78 ans, avait annoncé en mars qu'il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d'avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais le Conseil constitutionnel a estimé que l'entrée en vigueur d'une nouvelle Constitution en 2016 avait remis les compteurs à zéro, ce que conteste farouchement l'opposition.