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Le RHDP a-t-il une alternative à Alassane Ouattara ?

10 janvier 2025

En Côte d'Ivoire, le président Ouattara a affirmé être en bonne santé pour continuer à servir son pays, relançant les spéculations sur sa candidature en 2025.

Le président ivoirien, Alassane Ouattara
Le président ivoirien, Alassane Ouattara a estimé que son parti avait "au moins une demi-douzaine de candidats..." pour le succéder, sans les nommer, pouvant être de potentiels successeurs. Image : Denis Balibouse/KEYSTONE/REUTERS/POOL/dpa/picture alliance

Les spéculations sur une possible nouvelle candidature du président Alassane Ouattara ne sont pas nouvelles. Et sa dernière déclaration devant le corps diplomatique, le 9 janvier, alimente davantage les rumeurs et ne fait que conforter ce que certains lui prêtaient depuis quelques mois déjà comme intension : celle d’une candidature pour un quatrième mandat.

En septembre dernier, les hauts responsables du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) avaient déjà adopté une motion soutenant une telle candidature. Cette motion avait été présentée par Françoise Remarck, ministre de la Culture, qui avait alors affirmé :

"Nous exprimons notre détermination à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que le RHDP, sous la direction de son président, Son Excellence Alassane Ouattara, soit le vainqueur incontesté de la prochaine élection présidentielle de 2025."

Un précédent qui divise

La réélection d’Alassane Ouattara en 2020, pour un troisième mandat très contesté, avait déjà provoqué des violences dans le pays.

Le président ivoirien justifie ce mandat supplémentaire par l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016, qui aurait réinitialisé la limite des deux mandats. Une interprétation rejetée par les partis d’opposition.

Le RHDP a multiplié les meetings en 2024 pour appeler le chef de l'Etat à se représenter et répété plusieurs fois que Alassane Ouattara était le "candidat naturel" du parti.Image : Luc Gnago/Reuters

Malgré ces contestations, le RHDP semble vouloir miser à nouveau sur Ouattara. Mais cette stratégie soulève des questions : le parti n’aurait-il pas d’autres figures capables de prendre la relève ? Et pourquoi certains responsables insistent-ils autant pour que le président, aujourd'hui âgé de 82 ans, soit à nouveau candidat ?

Selon André Sylvain Konan, analyste politique basé à Abidjan, plusieurs facteurs expliquent cette situation :

"Il y a plusieurs choses en même temps. Parmi eux, il y en a qui piaffent de désir d'être candidats, mais qui n'osent pas l'exprimer. Je pense à Adama Bictogo, le président de l'Assemblée nationale. Il a dit très clairement que si le président Alassane Ouattara n'y va pas, et que si celui-ci lui confie cette mission, il la remplirait. Mais je ne suis pas sûr que, si on lui demande de refaire cette déclaration aujourd'hui, il la répéterait."

André Sylvain Konan, estime que plusieurs cadres du RHDP sont dans l’attente d’une opportunité pour se positionner, mais ils redoutent les conséquences d’une prise de position trop précoce.

"Il y a des gens qui piaffent d'impatience d'être candidats à la place du calife actuel. Sauf qu’ils ne l’expriment pas par peur de se voir eux-mêmes marginalisés au sein de leur propre formation politique."

Des responsables du RHDP peu rassembleurs

Outre les ambitions personnelles non exprimées, André Sylvain Konan souligne un autre point crucial : la capacité d’Alassane Ouattara à rassembler les militants du RHDP.

"Les ténors du RHDP redoutent de ne pas être suffisamment rassembleurs, notamment dans leur propre camp, comme peut l’être aujourd'hui le président Alassane Ouattara. Et il est très clair que si un candidat n'a pas l'onction du président, les militants de la base ne le suivront pas."

Il affirme que, sans le soutien explicite du président, un autre candidat aurait peu de chances de fédérer la base du parti.